Les 20 millions d'euros prévus dans l'accord de Guyane signé le 21 avril et destiné à venir en aide à l'hôpital de Cayenne, en proie à de graves problème de trésorerie, seront versés d'ici le 30 juin, a expliqué vendredi à l'AFP le préfet de Guyane, Martin Jaeger, joint au téléphone.
L'accord de Guyane, qui a mis fin à plus d'un mois de grève et de blocage du territoire pour réclamer le rattrapage économique et social avec l'Hexagone, prévoyait notamment "une provision d'urgence de 20 millions d'euros" de fonctionnement destiné à permettre au Centre Hospitalier André Rosemond de Cayenne (CHAR) de payer ses fournisseurs.
"Ces 20 millions d'euros en fonctionnement seront payés avant fin juin", a expliqué Martin Jaeger, précisant qu'une première tranche de 6,5 millions "était déjà débloquée" et "en cours de paiement". "Il fallait très rapidement mettre à disposition de l'hôpital les moyens de rembourser ses dettes", a-t-il souligné précisant que l'objectif fixé est "que l'hôpital privilégie dans ses paiements les entreprises guyanaises".
"S'organiser et prioriser les investissements". Selon le préfet, si la fourniture de matériels restait garantie malgré les problèmes de trésorerie de l'hôpital (il y a des règles d'obligation de fourniture pour les établissements hospitaliers), le CHAR "avait du mal à obtenir des conditions économiques avantageuses" en matière de prix. Cette annonce intervient alors que les quatre parlementaires guyanais ont déposé il y a une semaine un référé devant le tribunal administratif de Cayenne pour dénoncer justement le non-respect par l'État de l'accord de Guyane concernant l'hôpital.
Le préfet a également confirmé que les 40 millions d'investissement prévus dans le plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros pour la Guyane seraient bien versés au centre hospitalier. "Il y a juste à s'accorder sur l'organisation et la priorisation des investissements", a-t-il indiqué. Il a par ailleurs précisé que la "mission d'expertise en ressources humaines" annoncée mardi par le gouvernement, arriverait la semaine prochaine. Elle sera composée d'un membre de l'Inspection générale des affaires sociale (Igas) et d'un expert en hôpital.
La mission prendra "le temps qu'il faudra". Le CHAR est en proie à un mouvement social depuis plus de deux mois. A l'appel du syndicat UTG Santé, une partie du personnel est en grève pour réclamer notamment 200 postes supplémentaires, la direction en proposant 36. Depuis jeudi, deux collectifs, dont les 500 frères, connus pour agir cagoulés et vêtus de noir, bloquent également les bureaux de l'ARS. La mission n'a pas pour objectif d'écrire "un énième rapport sur la situation de l'hôpital", elle est destinée à "accompagner les différentes parties prenantes pour trouver des solutions pour sortir de cette crise", et portera sur la question des ressources humaines, les priorités d'investissement, le fonctionnement et l'organisation de l'hôpital", a précisé le préfet.
La mission, qui prendra "le temps qu'il faudra", devra également se pencher sur la question du passage de l'hôpital en un Centre hospitalier universitaire (CHU), a précisé Martin Jaeger. Il n'en existe pas pour l'instant en Guyane. Il n'y avait "pas de problèmes de principe" à cette transformation, a assuré le préfet, mais il faut "établir les étapes, le calendrier, et la mise en place des moyens universitaires".