Les négociations entre un collectif de Guyanais et les ministres Matthias Fekl et Ericka Bareigts, qui visent à sortir la Guyane de plus de dix jours de conflit social, se sont arrêtées jeudi quelques minutes à peine après avoir commencé, a constaté un journaliste de l'AFP.
Un manque de transparence dénoncé. Alors que les médias n'avaient pas été conviés aux discussions, le collectif portant les revendications a décidé, moins d'une demi-heure après le début de la rencontre, que "ça ne pouvait pas se passer comme ça pour des questions de transparence", a déclaré l'un de ses membres, le représentant du Medef local, Stéphane Lambert. La vingtaine de négociateurs issus de la société civile guyanaise sont alors sortis de la préfecture, où les discussions se tenaient. Ils faisaient face à 11h30 locales (16h30 à Paris) à des centaines de manifestants venus les soutenir, qui s'affirment "dé-ter-mi-nés".
Tout avait déjà mal commencé. La rencontre avait débuté dans une ambiance électrique et sous une pluie battante, avec 1h30 de retard. Alors qu'elle devait commencer à 9h00 locales, le collectif des "500 frères", soutenu par des centaines de manifestants, avait d'abord exigé le retrait du dispositif de sécurité érigé face à la préfecture, menaçant de se retirer des discussions. "50.000 personnes ont marché en Guyane mardi et il n'y a pas eu de casse, pas un rétroviseur cassé. Et aujourd'hui on nous met des barrières ? C'est de la provocation", avait tonné Olivier Goudet, un porte-parole des 500 frères, un mouvement citoyen réclamant plus de sécurité dans le département, et dont les membres défilent encagoulés. Derrière lui, des centaines de manifestants, trempés malgré des dizaines de parapluie, avaient hurlé leur colère. Après plus d'une heure de négociations, les manifestants avaient obtenu gain de cause et une vingtaine de représentants du collectif organisant le mouvement social étaient entrés vers 10h30 dans la préfecture, avant d'en ressortir.
Revendications sécuritaires, économiques et sociales. La Guyane connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d'une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales. Alors que la quasi-totalité des 37 syndicats membres de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont appelé samedi à la "grève générale illimitée", "la plus grosse manifestation de l'histoire" de la Guyane s'est tenue, de l'aveu même de la préfecture. Près de 15.000 ont marché à l'occasion d'une "journée morte" à Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, les deux plus grandes villes du territoire.