"Outrés et effarés" : les parents de l'adolescent de Poissy (Yvelines) qui s'est suicidé à la rentrée après s'être plaint de harcèlement, sont sortis du silence pour condamner les réponses de l'administration, qualifiées de "honte" par le ministre de l'Éducation Gabriel Attal. "Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres", a déclaré la mère du lycéen, Béatrice, dans un échange écrit dimanche avec l'AFP.
"Nous, le papa de Nicolas et moi-même, nous ne comprenions pas. Nous ne comprenons toujours pas", a-t-elle confié. Dans des échanges de courriers entre la famille, le proviseur de son lycée de Poissy et le rectorat de Versailles révélés samedi par BFMTV, le rectorat jugeait "inacceptables" des propos des parents qui auraient "remis en cause" l'attitude des personnels de l'établissement.
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Il demandait également aux parents d'adopter une "attitude constructive et respectueuse" à son égard, en leur rappelant les risques pénaux d'une dénonciation calomnieuse. Le ton de ces missives a suscité de vives réactions du gouvernement samedi. La Première ministre Elisabeth Borne l'a qualifié de "choquant". "Ce courrier est une honte, une honte", a pour sa part déclaré Gabriel Attal, qui a ordonné une enquête administrative.
La mère de l'adolescent s'est félicité, "comme un soulagement", que ces commentaires montrent qu'enfin leur "fils était reconnu dans sa souffrance et son harcèlement". Il ne la dissuade toutefois pas d'une éventuelle action en justice, a-t-elle dit à l'AFP. "Avant de prendre cette décision, nous attendons les résultats des enquêtes et les actions qui seront menées par le gouvernement". "Sur le contenu des courriers que nous avons reçus, à ce jour, nous n'avons pas eu de réaction de la part des équipes pédagogiques tant sur le fond que sur la forme", a-t-elle déploré. "Nous ne savons toujours pas si une sanction même symbolique a été émise à l'encontre des harceleurs".
"Aider notre fils"
Nicolas s'est suicidé le 5 septembre. Dans son échange avec l'AFP, Béatrice a indiqué qu'elle et le père de Nicolas avaient alerté peu après la rentrée 2022 l'équipe pédagogique du lycée de Poissy que l'adolescent était harcelé. "Le début de l'année (dernière, ndlr) s'est déroulé normalement. Tout semblait bien se passer. C'est au mois d'octobre que la situation a commencé à se dégrader", a-t-elle raconté. "Mais nous avions confiance car le professeur principal était en relation directe avec le papa de Nicolas. Ils se sont vus plusieurs fois".
À la mi-mars, les parents ont appris par son psychologue que leur fils avait fait une tentative de suicide en janvier. "C'est à ce moment-là que nous avons tout mis en branle pour aider notre fils, main courante, rendez-vous avec le proviseur, échanges de courriers, etc.", a-t-elle énuméré. Après un premier rendez-vous avec l'équipe pédagogique, les parents ont envoyé un nouveau courrier au proviseur, où ils l'informent qu'une main courante a été déposée. Mais ils n'ont reçu en réponse que les lettres rendues publiques samedi.
À la rentrée, Nicolas avait changé d'établissement. "Cet été, il était heureux de passer des vacances avec moi. Il devait faire un CAP en alternance en électricité. À la rentrée, il était stressé parce qu'il commençait quelque chose de nouveau", a rapporté Béatrice. Gabriel Attal, qui était aux côtés de la famille vendredi pour les obsèques de l'adolescent mort à l'âge de 15 ans, a indiqué samedi qu'il attendait les conclusions de l'enquête administrative qu'il a diligentée "sous quinze jours".
"J'en tirerai toutes les conclusions, y compris en matière de sanctions", a dit le ministre. Ce lundi, il doit réunir les rectrices et les recteurs de tout le pays "pour un audit dans l'ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l'année passée".