Harcèlement à l'école : un an après le suicide de Nicolas, sa mère pointe les manquements de l'Éducation nationale

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Louise Sallé avec AFP // Crédit photo : Sophie Dupressoir / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Un an après le suicide de son fils, Béatrice Le Blay a accusé le système éducatif français qui a "failli à ses missions". Une centaine de personnes, vêtues de blanc, ainsi que des personnalités politiques, dont Gabriel Attal, étaient présentes à cette marche blanche à Poissy, dans les Yvelines. 

"Le système éducatif a failli à ses missions", a accusé jeudi Béatrice Le Blay, mère du jeune Nicolas qui s'est donné la mort il y a un an après avoir été harcelé au lycée, à l'occasion d'une marche blanche à Poissy (Yvelines). Réunies devant la tombe de son fils de 15 ans, une centaine de personnes vêtues de blanc, pour beaucoup à l'effigie de l'adolescent, souriant et un verre de jus d'orange à la main, ainsi que des personnalités politiques, dont le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, ont écouté Béatrice Le Blay.

Son fils lui avait demandé, après la diffusion d'un reportage radio sur le harcèlement : "Combien de suicides faudra-t-il pour que cela cesse ?". "En me remémorant ses paroles, j'ai l'impression qu'il s'est sacrifié", a-t-elle déploré avant de mener la marche sous un ciel pluvieux depuis le cimetière jusqu'au lycée où son fils a vécu un "calvaire".

"De victime, il devenait coupable"

Le 5 septembre 2023, elle avait découvert le corps de son fils, pendu, à leur domicile. L'adolescent s'était plaint dès les premiers mois de l'année scolaire 2022-2023 de harcèlement dans sa classe au lycée et ses parents avaient alerté l'équipe pédagogique. Mais devant l'absence de réponse de l'établissement, ils avaient envoyé un courrier au proviseur. Le rectorat avait réagi en jugeant leur attitude "inacceptable" et évoqué les risques pénaux d'une dénonciation inexacte.

 

"De victime, il devenait coupable", a résumé Béatrice Le Blay. Gabriel Attal, à l'époque ministre de l'Éducation, avait qualifié le courrier du rectorat de Versailles de "honte" et ordonné une enquête administrative. Arrivé au cimetière quelques instants après l'annonce de la nomination de Michel Barnier à son poste, Gabriel Attal a étreint la mère de Nicolas à son arrivée.

Le harcèlement est "un poison dont l'antidote est en chacune et chacun de nous", a-t-il asséné, ajoutant s'être dit qu'il voulait être avec la famille de Nicolas "quelles que soient les circonstances institutionnelles, politiques du pays". À la fin de la marche blanche, Béatrice Le Blay, qui a à plusieurs reprises loué l'attention que lui avaient porté plusieurs responsables politiques, a cependant déploré de ne pas en savoir plus sur l'avancée de l'enquête administrative en cours.

"Nous considérons qu'il y a eu homicide involontaire. (...) Face à cette série de manquements graves, nous avons décidé de déposer une plainte contre X avec constitution de partie civile", a-t-elle annoncé. Son conseil, Me Thomas Bodin, a précisé à l'AFP qu'une première plainte au commissariat avait été déposée dès septembre 2023, mais que la plainte avec constitution de partie civile serait déposée ce jeudi.