"Ce sont mes pires années". Anne-Lise n'y va pas par quatre chemins au moment de se replonger dans ses souvenirs de jeunes écolières. La lycéenne de 17 ans, victime de harcèlement scolaire en CM1, a "des mauvais souvenirs" de son enfance. Elle regrette aujourd'hui de ne pas avoir dénoncé plus tôt ceux qui se moquaient d'elle. "On est tout petit, on devrait s'amuser", regrette la jeune fille de Saint-Dié.
"Des ballons dans la tête"
En cette journée de lutte nationale contre le harcèlement scolaire, Anne-Lise accepte d'évoquer sur Europe 1 les brimades dont elle était la victime. "J'arrivais à l'école, on m'insultait de grosse vache", commence l'adolescente. "Dans la cour de récré, on me jetait des ballons dans la tête." La jeune fille est même poursuivie jusque dans les sanitaires. "J'allais aux toilettes, ils m'enfermaient dedans", raconte Anne-Lise, qui a alors raconté son quotidien à son directeur d'école. "Il m'a proposé de rester en classe à la récréation", explique-t-elle. Une solution qui n'a fait que déplacer le problème. "Cela ne se passait plus à la récréation, il fallait donc que cela se passe en classe", se souvient Anne-Lise.
Alors l'écolière tente d'avertir son directeur d'établissement, en vain. "J'en ai parlé plusieurs fois, mais il ne faisait pas attention", regrette Anne-Lise, qui a pensé "mettre fin à ses jours". Heureusement, elle a pu compter sur le soutien de ses copines. Ce sont elles qui ont réagi. "Elles ont dit stop, ça suffit", raconte Anne-Lise, qui s'est engagé désormais dans la lutte contre le harcèlement en tant qu'ambassadrice, pour recueillir la parole des victimes.
"L'isolement des victimes"
Dans l’académie de Nancy, 220 jeunes ont été formé à ce que Nora Fraisse appelle "des copains vigilants". Sa fille Marion, 13 ans, s'est suicidée il y a six ans, le 13 février 2013, ne supportant plus les railleries incessantes de ses camarades au collège. "Vous n'êtes pas des sauveurs", prévient la mère de famille, engagée elle aussi dans la lutte contre le harcèlement scolaire. "Vous avez une responsabilité, mais ce n'est pas de sauver tout le monde", prévient-elle, en s'adressant aux futurs ambassadeurs. "Le pire dans le harcèlement, c'est l'isolement des victimes. Se mettre à côté, être vigie, ça peut changer la donne", selon Nora Fraisse.