Depuis lundi, des accusations de harcèlement sexuel visent le député EELV Denis Baupin. SMS, gestes déplacés, au total, huit femmes dont Sandrine Rousseau ou encore Elen Debost ont témoigné auprès de Mediapart et France Inter. Sur Europe 1, le docteur Muriel Salmona, psychiatre-psychothérapeute, est revenue sur le harcèlement sexuel subi par certaines femmes et trop souvent passé sous silence.
Mails, textos, MMS : les différentes formes de harcèlement. Parmi les accusations formulées à l'encontre de Denis Baupin figurent des dizaines de SMS "provocateurs et salaces", qu'aurait envoyés l'intéressé. "C'est fréquent", explique Muriel Salmona, "le harcèlement emploie tous les outils actuels de communication". Selon le docteur, "le contenu (des SMS, ndlr) est clair, il est clairement insultant".
"C'est propre à tous les milieux". Défini par l'article 222-33 du code pénal, "le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante". "Cela permet de faire une pression continue", souligne la psychiatre-psychothérapeute. "Le jeu est de mettre mal à l'aise quelqu'un, de le traumatiser", analyse la spécialiste. Une situation pas seulement inhérente au monde de la politique. "C'est propre à tous les milieux, (...) tous les contextes, tous les espaces de travail", assure Muriel Salmona.
"Seules 10% des femmes arrivent à porter plainte". Pourquoi en parler maintenant ? Parmi les nombreuses questions suscitées par l'affaire Baupin revient souvent le timing de ces accusations, puisque les faits les plus récents dateraient de 2014. Pour le docteur Muriel Salmona, il n'y a rien d'étonnant. "C'est habituel. (...) Seules 10% des femmes arrivent à porter plainte", renseigne le docteur. Sortir du silence n'est pas simple. "Il y a toujours cette dimension que d'être victime, c'est être faible", déplore Muriel Salmona, dénonçant une situation généralisée où "c'est aux victimes de se protéger".