Après l'attaque de la mosquée de Bayonne, plusieurs associations musulmanes alertent les pouvoirs publics et appellent à mettre un terme à un climat qu'elles jugent délétère, lié selon elle au débat autour du voile et sur la place l'islam en France. Jeudi, à l’appel de plusieurs représentants des mosquées de la région de Douai, dans le Nord, une centaine de personnes se sont rassemblées devant les grilles de la sous-préfecture.
"Nous exigeons des déclarations fortes de la part du gouvernement pour éradiquer la haine anti-musulmans", a expliqué un manifestant à Europe 1. "Ils ne nous aiment pas. Ils sont contre nous, contre l’islam", a également commenté le président de la mosquée de Douai. "Ce sont des mots que l’on entend tous les jours. Ça suffit. Que veulent-ils, une guerre civile ? Ça n’est pas possible, il faut que ça s’arrête". Durant leur rencontre avec le sous-préfet, ces fidèles ont notamment insisté sur la nécessité d’une protection policière aux abords des mosquées de la région.
"On est passé d’une islamophobie invisible à une islamophobie assumée"
De fait, ces dix derniers jours, les actes islamophobes se sont multipliés dans l’actualité. Outre l’attaque devant la mosquée de Bayonne, il y a eu ces croix gammées sur le chantier d'une autre mosquée à Charleville-Mézières, les propos du sénateur Jean-Louis Masson qui a comparé le voile à un déguisement de sorcière pour Halloween. Enfin, le week-end dernier, le club de foot de Grabels, un village de l'Hérault, a été la cible de propos islamophobes. Son président, Nassiri Mustapha, a découvert l'inscription "Stade islamiste : aux armes citoyens", écrite sur le vestiaire. "Ça nous a choqués. […] C’est tombé sur nous, mais demain ça tombera sur un petit village aux alentours", a-t-il réagi auprès d’Europe 1.
Une plainte a été déposée. Ce réflexe est nécessaire, martèle Jawad Bachar, le directeur du Collectif contre l'islamophobie qui constate une désinhibition du langage. "On est passé d’une islamophobie invisible à une islamophobie réellement visible et assumée. On le constate avec l’analyse de nos chiffres, mise en parallèle avec des propos tenus dans la sphère politico-médiatique", explique ce responsable associatif. "Cela incite les gens au passage à l’acte."
En 2018, les actes islamophobes recensés par le collectif ont augmenté de 52%. Une hausse qui s’est poursuivie cette année.