Une filière d'immigration clandestine depuis la Côte d'Ivoire a été démantelée dans l'Hérault en remontant le parcours de cinq migrants qui se disaient mineurs, a annoncé mercredi le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret.
Enquêtes en France et en Côte d'Ivoire. Au total, cinq jeunes hommes qui se disaient âgés de 15 à 17 ans mais auraient en réalité 18 à 20 ans, ont été déférés pour "escroquerie et fraude sociale" au préjudice du conseil départemental de l'Hérault. Ce dernier prend actuellement en charge 285 mineurs isolés pour un coût de 284 euros par personne et par jour. Les enquêteurs, issus notamment de la brigade mobile de recherche (BMR, qui travaille sur les filières) de la police aux frontières (PAF) "se sont rendus compte qu'il y avait parmi les documents présentés par ces mineurs des actes de naissance d'une même région de Côte d'Ivoire qui portaient le même numéro", a ajouté le procureur lors d'une conférence de presse. Une enquête a également été déclenchée en Côte d'ivoire "et a permis d'aboutir à identifier le faussaire" présumé, a poursuivi Christophe Barret.
"On est en plein dans de la traite des êtres humains". Ce dernier, ainsi que les jeunes migrants, tous de nationalité ivoirienne, venaient de la région de Daloa (centre-ouest, à 385 km au nord-ouest d'Abidjan), considérée comme une plaque tournante de l'immigration clandestine vers l'Europe. L'enquête "a permis de montrer que cette filière ne se résumait pas à la fourniture de faux documents mais organisait le passage via la Libye et l'Italie", a ajouté le magistrat. "On a accroché une filière et réussi à y mettre un terme dans les deux pays", se félicite Laurent Siam, directeur interdépartemental (Hérault, Gard, Lozère) de la PAF. "On est en plein dans de la traite des êtres humains, il y a des gens qui se font de l'argent sur le dos de ces jeunes", souligne-t-il.
Le conseil départemental dépose plainte lorsqu'il est établi qu'une personne qu'il a prise en charge n'était pas mineure. Dans l'Hérault, 29 plaintes ont été déposées en 2017. Les jeunes concernés, qui doivent être jugés devant le tribunal correctionnel de Montpellier les 18 et 18 avril, sont passibles de quelques mois d'emprisonnement.