"Ces filles font du sport et le sport, c'est l'émancipation", a déclaré la ministre Élisabeth Moreno, la ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, jeudi soir sur LCI interrogée sur les "Hijabeuses". Ce collectif de jeunes femmes a demandé à pouvoir continuer à porter leur voile en compétition alors que la Fédération française de football (FFF) l'interdit. "Sur le terrain de foot, aujourd'hui, il n'est pas interdit de porter le voile. Je veux qu'on respecte la loi et la loi dit que ces jeunes filles peuvent porter le voile et jouer au foot", a-t-elle expliqué.
Que dit la loi ?
Autant, la loi est très claire pour les salariés des fédérations, neutralité et donc interdiction de tout signe religieux, autant elle est beaucoup plus floue pour les pratiquants de ces sports. Aucun texte n'interdit aux usagers de porter des signes extérieurs d'appartenance sauf en cas de prosélytisme avéré.
En réalité, la Fédération française de foot fait figure d'exception dans le milieu du sport français. L'article 1 de son règlement stipule que tout port de signes manifestant une appartenance religieuse est banni. Elle est également à contre-courant de l'instance mondiale, la FIFA, qui autorise les footballeurs à jouer en hijab depuis 2012. C'est contre ce règlement de la FFF que se mobilisent les "Hijabeuses". Un règlement que le Sénat voudrait élargir à toutes les fédérations sportives.
Faut-il interdire le voile au nom de la laïcité ?
Faut-il empêcher ces femmes de faire du sport et même d'entrer dans la compétition ? Ou bien, faut-il les autoriser et prendre le risque d'encourager un prosélytisme ? La crainte est infondée selon Fatima Mellouky, coach. "On a vraiment eu toutes les filles du quartier et il s'avère que la majorité portait le voile", raconte-t-elle. Fatima a fondé une équipe féminine de football à Montpellier. "C'étaient des familles qui avaient du mal à laisser leur fille sortir. À l'époque, on avait des championnats régionaux, ça leur faisait voir d'autres choses."
Pour l'entraîneuse, laisser les femmes jouer avec leur voile est un cercle vertueux. Pourtant, "arrivées à un certain niveau, on nous a dit que si on voulait aller plus loin, il fallait le retirer". "Moi, en tant que coach, je n'ai forcé personne. J'ai dit aux filles, celles qui veulent le retirer et qui veulent aller plus loin, c'est votre choix. Si vous souhaitez le garder, on arrête de jouer en compétition et on fait du loisir", témoigne-t-elle. Résultat, la majorité des filles de son équipe a choisi d'arrêter la compétition.