"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase" pour Thierry Deniau, le représentant de l'UMIH de l'Aude (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie). Une augmentation moyenne de 16% de la grille des salaires dans l'hôtellerie et la restauration risque d'avoir des conséquences pour de nombreux établissements. A Carcassonne, où il travaille, entre novembre et avril, les professionnels travaillent habituellement grâce aux séminaires d'entreprises qui ont presque disparu à cause du Covid-19.
Comment fidéliser les salariés de l’hôtellerie et de la restauration ?
Il est persuadé que beaucoup d'entreprises vont avoir du mal à faire face à cette augmentation de masse salariale. "On a les PGE à rembourser, on a l'URSAFF, on a les loyers donc 16% de mieux, je vois pas comment on va faire", s'inquiète-t-il. "Au mois de janvier, on va avoir les augmentations de salaires, pas de séminaires, toutes les charges qui vont arriver, ça va être super compliqué. Et en plus, je ne suis pas sûr que ça fasse revenir les salariés dans les entreprises".
Mais tout le monde n'est pas de cet avis. Dans le centre-ville, Thomas Brieu tient la brasserie "A 4 temps" depuis 5 ans. Pour lui cette augmentation est une bonne nouvelle. "Je pense qu'aujourd'hui on est en train de payer 30 ans de n'importe quoi dans notre métier", résume-t-il. "On a fait beaucoup trop travailler les gens. Les salaires étaient très bas, les heures étaient très compliquées, c'est pour ça qu'on a perdu tant de monde et que les écoles hôtelières sont vides".
Lui a par exemple mis en place une pointeuse, qui permet que personne ne soit lésé. "Sur les périodes estivales, ils ne font pas des semaines à 35h, ça peut faire du 50h", admet-il. "Mais après tout est rattrapé ou payé l'hiver. Moi j'arrive à garder mon personnel comme ça".
Améliorer les conditions de travail
Un peu plus loin au restaurent Chez Félix, Anne Aubry garde le même personnel depuis des années. Pour elle, ce sont les conditions de travail qui doivent être améliorées. "Recruter en ce moment c'est très compliqué", reconnait-elle. "Pour attirer les jeunes il faut avoir de bons salaires, il faut être assez généreux".
Dans cet établissement qu'elle tient avec son frère, on modifie régulièrement les plannings pour que les salariés se sentent bien au travail. "S’ils ont des problèmes de garde avec leurs enfants, il faut savoir s'adapter pour eux", ajoute-t-elle. "On en a un qui joue au rugby, on va s'adapter pour lui pour qu'il puisse faire ses activités en dehors du travail. C'est se respecter les uns les autres. Pour avoir un bon personnel, il faut déjà être des personnes humaines". Et cette question des conditions de travail devrait d'ailleurs être au menu de la prochaine rencontre entre partenaires sociaux le 22 février prochain.