Un homme de 31 ans, sympathisant "gilet jaune", a été condamné à huit mois de prison avec sursis lundi à Versailles pour des menaces de mort proférées sur les réseaux sociaux à l'encontre de la secrétaire d'État Marlène Schiappa et d'un policier.
Casier judiciaire vierge. Cet électricien au casier judiciaire vierge, interpellé samedi matin à son domicile près de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, était jugé pour des messages envoyés sur Facebook jeudi et vendredi. Il a été condamné pour outrage, menaces de mort et de crime à l'encontre d'un élu, menace de mort à l'encontre d'une personne dépositaire de l'autorité publique et usage de stupéfiants - de la résine de cannabis ayant été retrouvée chez lui.
Signalé par un autre "gilet jaune". L'enquête a démarré avec le signalement d'un autre "gilet jaune", dont le frère, policier, avait reçu des menaces de la part de cet internaute. Alors qu'il le contacte à son tour pour lui demander de "se calmer", le prévenu formule d'autres menaces à l'encontre des forces de l'ordre, à la veille de l'acte 9 du mouvement samedi.
Menaces de mort et de viol. Les enquêteurs remontent jusqu'à son domicile et, sur son téléphone, retrouvent la trace de deux messages adressés à la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, envoyés sur le même réseau social, la menaçant de mort et de viol. Le prévenu, qui dit avoir participé à deux manifestations parisiennes des "gilets jaunes", a affirmé avoir copié-collé l'un des messages depuis un groupe Facebook qui incitait à l'envoyer à Marlène Schiappa, affirmant ignorer alors qu'elle était membre du gouvernement. "Je le regrette, je le ferai plus jamais de ma vie", a-t-il assuré, ajoutant : "Quand les policiers m'ont lu mes messages, j'ai été choqué de leur violence".
Schiappa, cible de menaces répétées. "Il y a de plus en plus d'élus ou de membres du gouvernement qui font l'objet de menaces, d'intimidation", a déclaré le procureur, qui avait requis trois mois avec sursis. "La contestation c'est un droit, mais elle ne peut pas s'exercer par le biais de menaces, d'insultes, d'outrages", a-t-il ajouté. Ces menaces, "ce n'est pas un débat, ce n'est pas la liberté d'expression", a aussi estimé Me Eric Morain pour la partie civile, affirmant que Marlène Schiappa est "celle qui subit le plus de cyber-harcèlement au gouvernement, depuis des mois et des mois".
"Vous avez dit 'consternant', j'ajoute 'lamentable' et (le prévenu) le pense aussi", a lancé l'avocate de la défense Me Sylvie Sezikeye, en s'adressant au président du tribunal. "Aucune arme" n'a été retrouvée chez lui, a-t-elle cependant souligné, évoquant "quelqu'un de fragile" qui s'est "laissé entraîner".