Le temps nécessaire à l'identification des victimes est un "temps long" et "cruel", avait admis la secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes, Juliette Méadel, lors d'un déplacement à Nice samedi dernier. Les 84 victimes décédées ont été formellement identifiées (le pronostic vital de 19 autres personnes est engagé), a annoncé le parquet de Paris mardi. Mais pourquoi a-t-il fallu attendre cinq jours pour avoir l'identité de toutes les victimes ? Europe 1 vous explique le processus.
Analyser, comparer. Pour les victimes d'attentats, c'est le parquet de Paris, compétent dans les affaires de terrorisme, qui se charge de l'identification des victimes et de délivrer les permis d'inhumer. Son rôle : "établir de manière certaine l'identité des personnes décédées", précise un communiqué du procureur général de la République, publié au lendemain de l'attentat de Nice.
Sous son autorité, dans la capitale azuréenne, une commission se réunit chaque jour pour faire le point sur les identifications. Composée notamment de représentants du parquet, d'enquêteurs et de médecins légistes, elle doit remplir deux missions : identifier les corps et découvrir les "causes et circonstances" de la mort, afin de faire progresser l'enquête et de s'assurer qu'il s'agit bien d'un corps provenant des lieux de l'attentat. Les deux missions doivent être remplies avant la délivrance du permis d'inhumer aux familles.
Bijoux, portefeuilles, vêtements, restes humains… Chaque jour, la commission analyse donc les corps en détail. Elle doit comparer ces éléments avec ceux transmis par les familles et les proches, voire par les ministères des Affaires étrangères du pays d'origine du défunt : les empreintes de la famille, des pièces d'identité, des dossiers médicaux ou encore de l'ADN de la victime, prélevée sur la brosse à dent ou le lieu de travail par exemple. Le grand nombre de nationalités concernées, l'absence de listes indiquant les personnes présentes sur la Promenade des anglais le 14 juillet dernier et la dégradation des corps expliquent ainsi pourquoi le "temps est long". D'autant que toutes les victimes n'avaient pas forcément de pièce d'identité sur elles.
Eviter les erreurs. Pour certains, toutefois, la procédure aurait pu être accélérée. "Je me suis entretenu à plusieurs reprises avec François Molins, procureur de la République de Paris, afin de lui demander d'accélérer l'information des familles de victimes, qui attendent des nouvelles de leurs proches disparus et sont maintenues dans une attente insupportable", avait déclaré samedi le député LR des Alpes-Maritimes et président du département Eric Ciotti. "L'identification des victimes décédées, qu'elle soit visuelle ou par prélèvement d'ADN, doit désormais constituer une priorité de l'enquête", avait-il estimé dans un communiqué.
"C'est un processus scientifique" dans lequel "la moindre erreur est tragique. Il faut prendre le temps de la vérité. Seule l'institution judiciaire est garante de la vérité", rétorque Juliette Méadel. Comme le rappelle Nice Matin, en novembre dernier, après les attentats de Paris, un couple avait veillé pendant quatre jours auprès d'un corps qui n'était pas celui de leur fille, avant qu'on leur apprenne que celui-ci se trouvait dans un autre service. Tout est fait, selon la secrétaire d'Etat, pour que ce type d'erreurs ne se reproduise pas.