La situation inquiète, à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Plus de 80 médecins y tirent la sonnette d'alarme dans une lettre adressée à l'Agence régionale de santé (ARS) et dénoncent notamment des risques de ruptures de stock de médicaments, en raison des importants problèmes de trésorerie du centre hospitalier. "Notre établissement doit bénéficier de mesures d'urgence", alerte au micro d'Europe 1 Guy Bellaïche, le chef du service gastro-entérologie.
Ce risque de pénurie de médicaments est dû à la multiplication des impayés, avec déjà cinq mois de retard dans le paiement des factures cette année. Et à la pharmacie de l'hôpital, cela fait des mois que les fournisseurs ne veulent plus livrer les médicaments, comme le confirme Bernadette Coret-Houbart, cheffe du service de la pharmacie de l'hôpital. "Depuis le début de l'année, j'ai 1.200 messages dans ma boîte mail qui concernent les fournisseurs qui ne veulent pas nous livrer, dont ça en fait à peu près 200 par mois et 10 par jour", explique-t-elle pour Europe 1.
Des techniques pour éviter la pénurie
Pour éviter ces ruptures de stocks, les personnes de l'hôpital doivent donc passer une grande partie de leur temps à trouver des solutions. "Ça fait deux ans qu'on gère avec tout un tas de techniques", détaille Bernadette Coret-Houbart. "On va soit chez un autre fournisseur, soit chez un grossiste, ou encore chez un collègue dans un autre hôpital." Dans d'autres cas, ajoute-t-elle, "on voit avec les médecins s'il y a des alternatives au traitement."
INTERVIEW - "L'hôpital est dans une situation de crise grave et des patients sont potentiellement en danger"
"On fait des dépannages, des achats à des prix plus chers qu'ailleurs, ce qui est un non-sens puisqu'on aggrave les choses", explique de son côté une autre pharmacienne, Véronique Deperrin. "Quand enfin les commandes sont débloquées parce qu'on a réussi à faire faire des paiements prioritaires, on commande en plus grande quantité pour être tranquilles un peu plus longtemps."
"On a beaucoup de précaires"
Et ce manque de moyens touche tout l'hôpital. Des examens ont dû être externalisés, tandis que du matériel manque à tous les étages. "Notre établissement doit bénéficier de mesures d'urgence", alerte encore Guy Bellaïche. "On a beaucoup de précaires, de SDF, de pauvreté", décrit-il. Et d'avancer une proposition radicale : "Il va falloir qu'on nous classe un peu différemment dans le 93. Comme certains lycées, collèges ou primaires sont en ZEP, peut-être qu'il faudra faire des hôpitaux ZEP".
Alors que la communauté médicale réclame des moyens supplémentaires, une réunion à ce sujet doit se tenir d'ici un mois entre la direction, les médecins et l'Agence régionale de santé.