Dans sa lettre au président, Heidi Soupault évoque son mal être, ses angoisses et son sentiment d'invisibilité. Etudiante à Science Po Strasbourg, la jeune femme dénonce les effets dévastateurs de la crise sanitaire du Covid-19 sur l'existence des étudiants, isolés dans de petits espaces et cantonnés depuis des mois aux cours en ligne. "J'avais besoin d'extérioriser. Depuis quelques jours, on parlait beaucoup avec mes amis du fait qu’on en avait marre d’être enfermés, invisibilisés, que tout le monde nous néglige. Je ne me sentais pas bien", raconte-elle jeudi au micro d'Europe 1.
Depuis octobre, elle n'a pas mis un pied dans un amphithéâtre ou vu un professeur autre part que sur son écran. "On se lève, on se met derrière nos ordinateurs de 8h à 18h selon nos emplois du temps, on dine et on dort. Nos vies n'ont plus de saveur : à part le travail, elles n'ont plus aucun sens", souligne Heidi Soupault. A 19 ans, elle dit avoir l'impression de ne plus vraiment vivre.
"Lire la lettre d'Emmanuel Macron m'a miné le moral"
Quelques jours après avoir fait circuler sa missive, l'étudiante a reçu une réponse du président. "Dans une lettre assez longue, Emmanuel Macron m'a dit qu'il comprenait les étudiants, mais que nous devions tenir. J'avais beaucoup d'espoir mais rien ne va changer malheureusement. Lire cette lettre m'a miné le moral." Alors que les étudiants avaient espoir de retrouver les bancs de la fac au second semestre, la fermeture des universités devrait finalement se prolonger. "L'idée de passer le deuxième semestre comme le premier me fait peur", soupire Heidi Soupault.
Elle demande au gouvernement d'envisager des alternatives qui permettraient au moins un retour partiel à l'université. "Avec un système de demi-groupe, on pourrait par exemple y retourner un jour ou deux par semaine. Comme dans les entreprises où le télétravail fonctionne en temps partiel."
Face à cette détresse, Emmanuel Macron se rend jeudi à l'université de Paris-Saclay pour discuter avec des jeunes de leur situation. De son côté, le Premier ministre Jean Castex a proposé de lancer un "chèque psy" pour permettre aux étudiants d'aller consulter un spécialiste pour évoquer leur mal-être.