A la veille d'une conférence de presse très attendue où Carlos Ghosn doit prendre la parole pour la première fois depuis sa fuite du Japon vers le Liban, un de ses avocats François Zimeray explique sur Europe 1, depuis Beyrouth, les raisons d'une telle évasion, même s'il refuse d'utiliser le mot "fuite". "Il n'avait pas d'alternative, il est ici parce qu'il peut se défendre, il peut s'exprimer", considère l'avocat de la défense. François Zimeray s'en prend donc au système judiciaire japonais, expliquant que les droits fondamentaux de son client ne sont pas respectés.
"Quand on a été détenu, privé de sa liberté, des libertés fondamentales comme il l'a été pendant plus de 400 jours, notamment celle de répondre aux accusations qui ont été formulées contre lui, qui sont graves, la première chose que l'on souhaite, c'est raconter ce qu'on a vécu et s'exprimer sur le fond", martèle l'avocat. La fuite vers le Liban, pays d'où Carlos Ghosn est originaire, aurait donc été la seule possibilité pour l'ancien patron de pouvoir se défendre.
"Nous sommes plusieurs praticiens du droit à être parvenus à la conclusion qu'il n'y avait aucun espoir d'un procès équitable au Japon" estime François Zimeray, qui qualifie les tribunaux japonais de "machines à condamner", rappelant que le taux de condamnation dans le pays atteint 99,4%. "Sans doute leur objectif est d'arriver à 100%", ajoute l'avocat.
"En France, Carlos Ghosn sait bien qu'il aura du mal à attirer la compassion"
"Il faudrait beaucoup d'orgueil pour dire ce qu'on aurait fait à sa place" poursuit-il. Le représentant de Carlos Ghosn est cependant conscient d'une certaine hostilité des Français à l'égard du comportement de son client. "En France, Carlos Ghosn sait bien qu'il aura du mal à attirer la compassion", reconnaît François Zimeray. "Il ne cherche pas à être plaint, il cherche simplement à être respecté dans ses droits", assure l'avocat. "Beaucoup de gens ont dit qu'il avait été lâché par la France, j'espère que ce n'est pas le cas", conclut-il.
Carlos Ghosn s'exprimera donc mercredi à Beyrouth devant une centaine de journalistes accrédités à 14h, heure française.