"C'était de ma responsabilité puisque je n'avais pas d'héritier, je devais prévoir l'avenir", souffle ce propriétaire d'un camping à Canet-en-Roussillon. C'est au décès de sa mère il y a 9 ans que Roger Pla a commencé à réfléchir à l'avenir de son entreprise. Il a d'abord été démarché par des fonds de pension. L'un d'entre eux lui a même proposé 40 millions d'euros pour le Brasilia, son camping de luxe. Mais le propriétaire refuse.
"On n'est pas là pour jouer au Monopoly"
L'établissement est idéalement situé le long de la plage. Il compte 700 emplacements dont 300 hébergements. Mais pour Roger, pas question de céder aux sirènes des financiers et d'abandonner l'âme de ce camping, créé par son père en 1963, ni les 150 salariés qui y travaillent. "J'avais des propositions très alléchantes de fonds de pension avec des offres qui dépassaient ce qui était acceptable", reconnaît-il au micro d'Europe 1.
"On m'a proposé 40 millions d'euros, j'ai dit non", avance-t-il. "Il ne faut pas acheter une entreprise pour la faire péricliter. Moi, je suis aux manettes depuis 45 ans, je me suis demandé comment ils allaient faire pour rembourser. Mais ce n'est pas leur problème, ce sont des financiers purs. Alors que nous, ici, on place l'humain au centre de l'entreprise. C'est sans ambiguïté, on n'est pas là pour jouer au Monopoly", continue-t-il.
Comment éviter les droits de succession ?
Sans héritier direct, il a même envisagé de céder le camping à ses collaborateurs. "Mais les droits de succession devenaient faramineux", se désole Roger Pla. Ces proches collaborateurs auraient dû vendre le camping pour payer les 60% de taxes, dans les six mois après son décès. "C'est tout ce que je ne voulais pas !", lance-t-il.
Roger a finalement décidé de créer la fondation "Famille Pla". Il a déposé les statuts et a déjà cédé 11% de ses parts. Avec les dividendes annuels, Roger souhaite que cette fondation aide des enfants à partir en vacances. "En 2022, il y a encore certains enfants qui n'ont accès ni aux classes de neige ni aux classes vertes et qui n'ont pas accès à la plage", constate le propriétaire du camping.
"Ma fortune est déjà acquise, j'ai ce qu'il faut pour manger tous les jours"
L'argent devrait aussi servir à préserver le littoral et le patrimoine du département des Pyrénées-Orientales. Il souhaite aussi créer une bourse pour aider les jeunes créateurs d'entreprise du département. Des projets qui comptent beaucoup plus que la richesse pour Roger. "Ma fortune est déjà acquise puisque j'ai ce qu'il faut pour manger tous les jours et cette garantie, je l'ai jusqu'à ma mort", souffle-t-il.
Depuis que les statuts de sa fondation ont été déposés en préfecture, Roger l'admet, il se sent apaisé. "Je me suis senti libéré d'une charge et d'un poids. À mon décès, on aura déjà fait un bout de chemin et j'espère que ce chemin sera encore long après moi."