En Normandie, les éleveurs laitiers ne savent toujours pas si leur lait peut être à nouveau consommé et commercialisé après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, comme l'avait annoncé un peu vite, vendredi, le ministre de l'Agriculture. La publication, lundi, des derniers rapports de l'Agence nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) devrait mettre un terme à leur attente.
Ils ont manifesté leur colère ce weekend, en déversant des centaines de litres de lait devant les préfectures de Rouen (Seine Maritime) et d'Amiens (Somme). Mais au-delà de leur cas, de nombreuses questions restent encore en suspens concernant d’autres types d'exploitation, bientôt trois semaines après le sinistre.
"Le week-end a été horrible, parce que cela fait trois jours de lait supplémentaire qui va à la fosse..." Comme tous ses collègues exploitants laitiers, Aline Catoir espère la fin du faux-espoir : l'ANSES va-t-elle autoriser la reprise de la commercialisation du lait ? Didier Guillaume, le ministère de l'Agriculture assure que oui. "C’est un espoir que l’on a. Par contre, sur les exploitations, on a toujours un souci avec les fourrages", relève la productrice. "Toutes les récoltes qui ont eu lieu depuis le 26 septembre sont consignées, et on ne connait pas le résultat des analyses, on ne sait pas quand on pourra les utiliser. Produire du lait sans nourrir les vaches ça va devenir compliqué."
"Et là, y a un vrai ras-le-bol"
Cette attente supplémentaire pour le fourrage, mais aussi les betteraves ou les pommes de terre, pourrait s'expliquer par les examens élargis à de nouvelles substances, demandés vendredi par l'Agence de Sécurité Sanitaire.
Autre question : quid des 50 millions d'euros "promis" pour indemniser les agriculteurs ? Vendredi soir, la direction de Lubrizol a démenti avoir arrêté un montant précis. À ce stade, c'est l'Interprofession, donc en partie les exploitants eux-mêmes qui se viennent en aide. "Les exploitant s’auto-organisent, mais aussi les laiteries et depuis peu la grande distribution, à cause d’un drame dans lequel ils n’y sont pour rien du tout. Et là, y a un vrai ras-le-bol", tempête Jocelyn Pesqueux, de l'interprofession laitière de Haute-Normandie. Depuis l'incendie, 800.000 litres de lait sont jetés chaque jour. Soit un préjudice total de plus de 5 millions d'euros, estime l'Interprofession.