Les incendies qui dévastent la Gironde continuent de progresser… Les feux, qui ont démarré près de Landiras et de La Teste-de-Buch, ont détruit près de 20.000 hectares de forêts. Aucun bilan humain n’est à déplorer, mais l’impact sur les écosystèmes semble, lui, dramatique.
Des habitats dégradés pour les animaux
Sur le court terme, certaines espèces vont ainsi se raréfier. Alexandre Lasnel, inspecteur de l’environnement en Gironde et chef d’unité départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), dresse un premier bilan. "On a, comme espèces locales, la grande bruyère, la petite bruyère et les arbousiers qui sont des végétaux à croissance lente. Ils vont mettre des années à recoloniser les milieux", déplore-t-il.
"On sait également que certains animaux ont certainement subi de gros dégâts à cause des incendies : ce sont les micromammifères comme les musaraignes, voire des mammifères de taille plus importante tels que les hérissons et les écureuils, qui se réfugient en cas de danger dans les trous des arbres", poursuit Alexandre Lasnel. "Et leur habitat, complètement dégradé, ne leur permettra pas de revenir tout de suite."
Ruissellement de l’eau de pluie et recul de la dune
Sur le moyen terme, les écosystèmes bouleversés modifieront sans doute le paysage. Les pins, véritables "climatiseurs naturels", ne pourront en effet plus rafraîchir l’air ambiant, ce qui augmentera la température locale. Ces arbres ne seront également plus là pour retenir l’eau de pluie. Des inondations sont donc à craindre.
"L'eau va ruisseler davantage, et emporter le peu de matière organique qui pourrait favoriser la régénérescence des essences de flore", regrette Alexandre Lasnel. Enfin, au niveau du littoral, la dune du Pilat risque de s’éloigner de la mer et faire reculer le trait de côte. "On sait que la dune recule chaque année. Et là, il n'y aura plus de végétation pour freiner ce recul de la dune. Donc elle se déplacera d'autant plus vite", anticipe l’inspecteur de l’environnement.
Mais la forêt monospécifique de pins partie en fumée, qui n’était pas un milieu aussi riche en biodiversité qu’une forêt présentant différentes essences d’arbres, offre l’occasion d’en reconstituer une autre, plus diverse. Des espèces plus adaptées au climat qui se réchauffe, et plus résilientes face aux feux, pourront ainsi être replantées.