En 2017 en France, les salariées du secteur privé percevaient en moyenne un revenu inférieur de 28,5% à celui des hommes, selon une étude de l'Insee publiée jeudi. Des inégalités salariales qui s'accroissent tout au long de la carrière. D'autant plus pour les mères de famille. "L'écart existe dès l'entrée dans la vie active. Et on voit un vrai décrochage au moment des maternités, et pas seulement en termes de salaire d'ailleurs, en termes de carrière aussi", observe Catherine Bonneville-Morawski, du cabinet de conseils en mixité Eragina.
Les mères de famille souffrent d'idées reçues
Les femmes accèdent moins facilement aux postes à responsabilité, et particulièrement les salariées ayant des enfants, si bien que les écarts de salaire entre les pères et les mères sont nettement plus importants qu'entre les femmes et les hommes sans enfant, montre l'Insee. En équivalent temps plein (ETP), c'est-à-dire pour un même volume de travail, l'écart salarial entre femmes et hommes se réduit à 16,8%. Les femmes ayant plus de deux enfants, celles les plus diplômées et celles avec le plus d'expérience professionnelle étant là les plus pénalisées.
Certaines femmes sont "mises au placard", d'autres souffrent d'idées reçues : elles seraient "moins disponibles", ou "moins engagées". On leur donne donc "moins de responsabilités" et "on ne va pas forcément les augmenter", détaille Catherine Bonneville-Morawski.
"Il y a un vrai frein du côté des entreprises"
Si l'écart de salaire est de 28,5% en moyenne, il est à noter qu'à poste et volume horaire égaux, il se réduit à 5,3% dans le secteur privé en 2017. "Il y a des entreprises qui font des choses vraiment formidables sur le sujet pour éviter que ça arrive", note-t-elle. "Mais il ne faut pas oublier que le tissu économique en France n'est pas seulement le CAC 40. C'est beaucoup d'autres entreprises où on reste là-dessus. Donc il y a un vrai frein du côté des entreprises."
Dans la fonction publique, l'écart en ETP est moins élevé : 12,4% en 2017. Toutefois, il se réduit moins vite. Le temps de travail, globalement inférieur pour les femmes, l'accès prépondérant à des secteurs ou emplois dits "féminisés", et la faible présence de femmes aux postes à hauts revenus expliquent la persistance des inégalités de salaires, selon l'étude de l'Insee.