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Infiltré dans un commissariat, un journaliste raconte : "Dans la police, on ne balance pas"

Antoine Terrel - Mis à jour le . 2 min

Dans Flic, publié jeudi aux éditions Goutte d'or, le journaliste Valentin Gendrot revient sur ses deux années d'infiltration dans la police parisienne, et raconte la culture du silence autour des abus policiers. Mais aussi le manque de formation des agents, ainsi que leur manque de moyens. 

C'est un livre qui fait d'ores et déjà beaucoup parler. Dans Flic, publié jeudi aux éditions Goutte d'or, le journaliste Valentin Gendrot raconte deux années d'infiltration dans la police parisienne, dont il livre un panorama particulièrement sombre, entre violences policières , insultes racistes et homophobes, mais aussi manque de moyens, suicide et mal-être des troupes. Invité vendredi de la matinale d'Europe 1, il est revenu sur cette expérience qui l'a mené de l'École nationale de police de Saint-Malo à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris, puis jusqu'à un commissariat du XIXe arrondissement. 

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"Ce qui m'intéressait, c'était de pouvoir montrer le quotidien d'un policier dans un commissariat en France", explique le journaliste, se souvenant de sa "stupéfaction" ressentie dès son premier jour au commissariat. Il y voit notamment un gardé à vue, qui après avoir demandé à plusieurs reprises d'aller aux toilettes, "est extrait de sa cellule par un policier qui va le frapper". "Je suis abasourdi. Je me dis : 'Dans quel monde parallèle suis-je tombé ?'", se souvient Valentin Gendrot. À l'en croire, la garde à vue "fait partie des zones grises" de la police. "C'est régulier de ne pas avoir de traces écrites de ce qui peut s'y passer." L'invité d'Europe 1 a aussi été frappé par le manque de préparation des policiers à la question des violences conjugales. "En école de police, on a eu trois heures de formation, une heure théorique, puis deux heures pour visionner un film : Mon roi de Maïwenn'", pointe-t-il encore. 

"Dans la police, le traître n'existe pas"

Le passage le plus frappant du livre est sans doute celui dans lequel Valentin Gendrot assure avoir assisté à une "bavure" commise par un collègue, qu'il a lui-même couverte avec d'autres policiers. "C'est un policier qui pète les plombs, qui va frapper un adolescent, le tabasser dans la voiture, puis le frapper à nouveau au commissariat, et qui va même aller jusqu'à déposer plainte contre l'adolescent pour outrages et menaces sur personne dépositaire de l'autorité publique", raconte-t-il. Et selon son témoignage, un PV mensonger est alors rédigé.

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"En tant que policier infiltré, je vis une espèce de dualité entre le policier qui va se retrouver à couvrir les agissements d'un policier qui est allé trop loin, et de l'autre, le journaliste, le citoyen, qui ne sait pas trop ce qu'il doit faire, jusqu'où il doit aller. C'est extrêmement compliqué à vivre, à gérer", ajoute Valentin Gendrot.

Son expérience d'infiltration lui fait constater une chose : "Dans la police, le traître n'existe pas". Pourquoi ? "Parce qu'il y a la peur de la mise au placard, d'être victime d'intimidation". Et de conclure : "Tout le monde se couvre, parce que dans la police, on ne balance pas". 

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"L'impression que les policiers agissent sur un bateau ivre"

Pour autant, dans son livre, Valentin Gendrot n'élude pas la question du manque de moyens, et du mal-être qui ronge toute une partie de la profession. "Ils sont régulièrement lâchés par leur hiérarchie, par les syndicats, le ministère de l'Intérieur", relate-t-il. "J'ai souvent eu l'impression que les policiers agissaient sur un bateau ivre, sans une grande notion de responsabilité."

Jeudi, la préfecture de police de Paris a annoncé avoir signalé au procureur de la République les faits relatés de violences dans le commissariat, et saisi en parallèle la "police des polices". De son côté, Valentin Gendrot voit dans son livre "une expérience salutaire", dont il espère qu'il "permettra de régler les deux grands tabous de la police française, les violences policières et le mal-être policier".