Ils lancent l'alerte. Les parents de Sainte-Pazanne, une petite ville de 6.500 habitants de Loire-Atlantique, sont inquiets : en trois ans et demi, neuf enfants ont contracté un cancer. Parmi eux, trois sont déjà morts. Europe 1 est parti à la rencontre de Marie, mère du petit Alban, atteint d'une leucémie dès décembre 2015, à l'âge de 4 ans. C'est elle qui a alerté l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire.
"On en est rendu à quatre cancers d'enfants en un an sur la même commune", explique Marie au micro d'Europe 1. "Au début, je me suis demandée ce qu'il se passait. Puis il y a eu d'autres enfants, jusqu'à un petit copain d'Alban fin février", raconte-t-elle. "On en est à neuf cancers, la majorité est atteinte de leucémie à lymphomes, trois enfants sont décédés, c'est horrible".
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Un triste constat qui place la petite commune de Sainte-Pazanne très loin de la moyenne nationale, avec deux fois plus de cancers pédiatriques que sur le reste du territoire, d'après nos calculs. "Qu'est-ce qu'il se passe sur nos territoires de vie ? Qu'est-ce qui fait qu'autant d'enfants tombent malades ?", se demande Marie. Pour cette mère de famille, ces nombreux cancers sont dus à plusieurs facteurs. Elle évoque notamment le radon, un gaz radioactif d'origine naturelle qui représente "le tiers de l'exposition moyenne de la population française aux rayonnements ionisants", précise sur son site l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Or, Sainte-Pazanne est dans une zone classée comme "catégorie 3" par l'IRSN, soit la concentration la plus forte. Néanmoins, cette catégorisation ne signifie pas forcément des "concentrations de radon importantes", précise l'IRSN. Mais pour Marie, il est possible que le risque pour la santé lié à ce gaz ait augmenté : "il faut retester", plaide-t-elle. "Puisqu'on sait que cela fait partie des causes possibles, qu'est ce qui nous dit qu'il n'y a pas des choses qui ont bougé, muté, depuis ces dernières années ?", avance-t-elle.
"On peut partir très vite"
Quant aux autres facteurs possibles, Marie assure avoir "une grosse liste" : "Quand on est parent d'un enfant malade dont on ne sait pas s'il sera encore là demain, ça tourne dans la tête jour et nuit. On se demande 'qu'est ce j'ai fait ?', 'qu'est-ce qu'il y a dans ma maison ?', 'qu'est-ce qu'on respire ?', 'qu'est-ce qu'il s'est passé' ?".
Pour faire face à cette situation, Marie souhaite que les médecins "soient formés en urgence sur tous ces éléments de cancers pédiatriques", car ces maladies "sont très rapides". "Si ça n'est pas décelé, on peut partir très vite, ça se joue en quelques semaines", ajoute-t-elle. "Il faut que les médecins aient suffisamment d'informations pour être au plus près d'un diagnostic précis pour orienter vers l'hôpital".
Comme Marie, beaucoup de parents, très inquiets, s'interrogent : Sainte-Pazanne est dans un secteur essentiellement agricole, dénué de sites classés Seveso. De son côté, l'Agence régionale de santé n'a pas pu mettre en avant un facteur environnemental. Pour l'instant, le mystère reste donc entier.