Vers un rétropédalage de la majorité ? Le gouvernement réfléchit à reporter la fermeture de la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle. Avec celle de Cordemais, ce sont les deux dernières centrales à charbon de France. Emmanuel Macron s'était engagé à les fermer avant la fin de son mandat. Celle de Cordemais a été reporté à 2024. Saint-Avold devait fermer le 31 mars, c'est-à-dire la semaine prochaine.
Mais la crise en Ukraine a rebattu les cartes. Début février, le gouvernement avait obtenu d'augmenter les quotas de charbon pour deux mois afin de compenser les arrêts inopinés de réacteurs nucléaires pour des problèmes de corrosion et sécuriser l'approvisionnement en électricité des Français.
15 des 56 réacteurs sont à l'arrêt
Dans l'entourage de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, on confirme que cette hypothèse est bien sur la table. "Avec la guerre en Ukraine, nous sommes dans une nouvelle configuration, nous prendrons la décision dans les prochains jour", a-t-on ajouté. Il faut rappeler que le charbon émet deux fois plus de CO2 que le gaz. Mais cette source d'énergie reste très marginale dans le mix énergétique français : environ 1%.
Le gouvernement se basera sur deux éléments : les conclusions de l'audit commandé à EDF sur la disponibilité de son parc nucléaire pour l'hiver prochain. Pour le moment, 15 réacteurs sont à l'arrêt sur les 56 que compte la France. Certains pour des opérations de maintenance prévue, d'autres pour des problèmes de corrosion.
Et puis autre élément crucial dans la prise de décision de fermeture ou non de Saint Avold : Barbara Pompili a demandé à RTE le gestionnaire du réseau électrique, de plancher sur des scénarios pour l'hiver prochain avec une question centrale : aura-t-on de quoi alimenter nos dix centrales à gaz ?
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"Ce serait risqué aujourd’hui de fermer Saint Avold sachant qu’on a une baisse de la disponibilité du parc nucléaire qui est inédite", estime l’expert Nicolas Goldberg de chez Columbus Consulting. "Donc il est très probable que cette centrale à charbon apporte des marges nécessaires pour l’hiver prochain", ajoute-t-il.
Il y a donc de fortes chances que le nucléaire et le gaz ne suffisent pas. La solution viendra alors du charbon avec deux centrales qu'il faudra faire tourner à plein régime. Mais certains experts estiment que même avec le charbon, l’approvisionnement en électricité l’hiver prochain pourrait ne pas être sécurisé.