Apporter un soutien matériel aux soldats ukrainiens risque de prendre des allures de casse-tête pour Paris. Ce mercredi, le rapport d'une mission d'information, présenté par plusieurs députés à l'Assemblée, lève le voile sur l'état "critique" les stocks de munitions dans l'Hexagone. À titre d'exemple, la France commande chaque année 20.000 obus de 155 millimètres, soit l'équivalent du nombre de tir quotidien sur le champ de bataille.
>> LIRE AUSSI - Guerre en Ukraine : maisons détruites, tirs de roquettes... À Bakhmout, l'enfer des combats
"On est devenu une armée bonsaï avec des munitions de hautes technologies, mais en faible quantité", constate Julien Rancoule, député RN et co-rapporteur de la mission. Les parlementaires recommandent de recentrer les priorités sur du matériel plus simple et moins complexe qui permettrait de neutraliser jusqu'à 90% des cibles face à une armée conventionnelle.
100% des puces électroniques en France proviennent de Chine
Ils préconisent également de concentrer les efforts sur l'artillerie et de relocaliser la production des munitions de petit format, notamment le neuf millimètre. Un calibre en dotation en nombre parmi les forces de sécurité intérieures. Selon le ministère de l'Intérieur, policiers et gendarmes n'avaient que deux mois d'autonomie au début de la guerre, voici un an.
Derrière les munitions, figurent également les sujets de la poudre, de son stockage et des matières premières. Dans les années 1990, l'Europe produisait 44% des semi-conducteurs, essentiels pour fabriquer du matériel de haute pression, contre seulement 10% aujourd'hui. Pour la France, 100% des puces électroniques proviennent désormais de la production chinoise. Il est donc urgent de gagner à nouveau en souveraineté pour des questions d'indépendance mais aussi de crédibilité vis-à-vis des autres pays de l'OTAN.
De son côté, le ministère des Armées ne découvre pas le sujet. Depuis cet été, Sébastien Lecornu multiplie les rencontres avec les industriels pour faire évoluer la production industrielle française vers une "économie de guerre".