Depuis le début du confinement, sur les autoroutes désertes comme sur le réseau routier secondaire, les compteurs s’affolent. Ceux de certains automobilistes qui, semblant profiter d’un soudain espace de liberté, accélèrent très franchement bien au-delà des limites autorisées. Et ceux des forces de l’ordre qui constatent l’ampleur inédite du phénomène, surtout au moment où le nombre de véhicules en circulation a considérablement chuté.
Du 17 mars (premier jour du confinement) au 26 avril inclus (dernières données disponibles), plus de 11.200 grands excès de vitesse ont été relevés dans l’Hexagone par les policiers, gendarmes et radars automatiques, contre 9.600 sur la même période l'an passé, selon les informations recueillies par Europe 1, soit une hausse de 16,6% de ce type d’infraction.
"Tout le monde ou presque roule trop vite"
"En ce moment, tout le monde ou presque roule trop vite", s’alarme un préfet joint par Europe 1. En effet, les chiffres détaillés par type d’infraction montrent qu’en dépit de la très forte diminution du trafic automobile constatée partout, même le nombre d’excès de vitesse inférieurs à 20 km/h ne diminue que de 45%, passant de 2.030.000 l'an dernier sur cette même période à 1.115.000 depuis le début du confinement, d’après les chiffres nationaux obtenus par Europe 1.
Concernant les excès compris entre 40 km/h et 50 km/h, la tendance est la même que pour les grands excès de vitesse : une hausse de 16,3%, soit 10.700 infractions relevées contre 9.200 à la même période en 2019, selon les chiffres officiels que nous nous sommes procurés.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Combien de décès à domicile faut-il ajouter à l’épidémie ?
> À quoi sert AlloCOVID, la plateforme téléphonique qui utilise l'intelligence artificielle ?
> Pourquoi il va falloir attendre avant de trouver des masques dans les pharmacies
> Coronavirus : le vaccin ROR peut-il être dangereux pour les enfants ?
> Ces plateformes qui aident à trouver un emploi pendant le confinement
Un jeune conducteur de 19 ans intercepté à 234 km/h
Malgré les nombreuses opérations de contrôle et de verbalisation mises en place depuis le début du mois d’avril, le phénomène ne ralentit pas. Ces derniers jours, des infractions record ont encore été constatées par les forces de l’ordre. Ainsi, les gendarmes du peloton motorisé de Valognes ont intercepté un conducteur de 19 ans, jeune permis, à 234 km/h au lieu de 110 km/h sur la RN13, rapporte La Presse de la Manche.
Dimanche 26 avril, dans la Drôme, un chauffard récidiviste de 23 ans, sans permis de conduire, a été contrôlé à 149 km/h sur une portion de la D67, limitée à 70 km/h. Le même jour, en Isère, un conducteur a été arrêté par les gendarmes après avoir roulé à 201 km/h au lieu de 70 km/h à hauteur de Vaulx-Milieu sur la D1006, a appris Europe 1, confirmant une information du Dauphiné.
Les grands excès de vitesse à plus de 50 km/h au-delà de la limite autorisée sont passibles d’une amende de 1.500 euros, d’une suspension du permis de conduire qui peut atteindre trois ans et d’un retrait de six points. Le véhicule du conducteur peut également être immobilisé et confisqué.
Des craintes pour l'après-confinement
Mais l'inquiétude des autorités ne s'arrêtera pas lorsque les Français pourront à nouveau se déplacer sans attestation. "Le risque, c'est l'après-confinement", estime ainsi sur Europe 1 Laurent Collorig, colonel de gendarmerie et chef l'UCLIR (Unité de coordination de la lutte contre l’insécurité routière). "Beaucoup de gens vont reprendre le chemin du travail et on aura de facto une cohabitation difficile entre ceux qui devront reprendre leurs automatismes et qui croiseront ces irresponsables."