INFORMATION EUROPE 1 : Médicament contre la calvitie aux effets secondaires graves : une dizaine d'hommes lancent une procédure judiciaire

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Mélanie Gomez, édité par Marthe Ronteix , modifié à
Alors qu'il est toujours autorisé sur le marché français et européen, le Propecia - un médicament contre la calvitie aux nombreux effets indésirables - une dizaine de victimes lance une procédure judiciaire contre lui, selon les informations d'Europe 1.
INFO EUROPE 1

Le laboratoire MSD, et les autorités de santé, ont tardé à informer les patients et les médecins des effets indésirables et notamment de leur caractère irréversible. Le Propecia, un médicament contre la calvitie qui contient du finastéride, provoque des baisses de libido, des problèmes d'érection ou encore des idées suicidaires. Autant d'effets secondaires souvent irréversibles dont les patients sont peu, voire pas, informés. C'est pourquoi une dizaine d'hommes lancent une procédure judiciaire pour défaut d'information, selon les informations d'Europe 1.

D'abord un traitement contre l'hypertrophie de la prostate. Malgré de tels effets secondaires, le Propecia reste disponible sur le marché. Car avant d'être prescrit pour pallier la perte de cheveux, il servait à soigner l'hypertrophie de la prostate, sa première indication. L'autorisation pour lutter contre la calvitie n'a été donnée qu'en 1999.

Un équilibre bénéfices-risques toujours positif selon l'UE. Le finastéride, c'est un traitement qui a une autorisation de mise sur le marché (une AMM) européenne. C'est donc au niveau de l'Europe, et non de la France, que se fait chaque année la réévaluation du fameux équilibre bénéfices-risques. Et à ce jour, l'UE considère que cette balance, y compris dans l'indication pour la chute de cheveux, est toujours favorable. Selon ces experts, les effets secondaires seraient assez rares. Pourtant, les victimes parlent de 20% de consommateurs concernés. Et, surtout, de nombreux hommes ne savent même pas que leurs problèmes sont dus à ce médicament. 

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Le laboratoire MSD, et les autorités de santé, ont tardé à informer les patients et les médecins des effets indésirables et notamment de leur caractère irréversible

Une notice française plus complète. Néanmoins, en France, en 2012, l'Agence du médicament (ANSM) a publié une mise en garde sur les troubles sexuels, de même qu'en 2017. Mais cette fois, elle y a ajouté les risques de troubles psychiatriques, qui ont d'ailleurs été inscrits dans la notice à ce moment-là, avec le conseil de stopper tout traitement en cas de symptômes. Enfin en février dernier, un courrier a été envoyé à tous les médecins prescripteurs.

"Le laboratoire et les autorités de santé ont tardé à informer les patients et les médecins". Pour l'avocat des victimes, ces dispositions ne sont pas suffisantes. Il s'apprête donc à lancer une procédure judiciaire dont la première audience aura lieu au mois d'avril au tribunal de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Me Charles Joseph-Oudin va saisir la justice pour défaut d'informations.

"Nous considérons que le laboratoire MSD, et les autorités de santé, ont tardé à informer les patients, mais aussi les médecins, des effets indésirables et notamment de leur caractère irréversible", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Et c'est ce que nous démontrerons devant le juge. C'est ce qui doit appeler de leur part une indemnisation."

Alors dès le mois d'avril, cet avocat va donc porter une dizaine de dossiers de victimes devant la justice. Mais il confie en avoir déjà 70 autres, en cours d'élaboration. Et il est certain que d'autres dossiers viendront s'ajouter pour dénoncer un médicament encore prescrit à environ 30.000 hommes chaque année en France.