Au centre pénitentiaire de Fresnes, les cellules de 9m² voient régulièrement cohabiter trois détenus, des rats et des punaises de lits : une association saisit de nouveau la justice pour obliger l'État à mettre en place un "plan d'urgence".
Requête examinée en urgence vendredi. La requête en référé-liberté, déposée par l'Observatoire international des prisons (OIP) et plusieurs associations d'avocats, sera examinée en urgence vendredi matin par le tribunal administratif de Melun, en Seine-et-Marne, a indiqué le greffe à l'AFP, confirmant une information de France Inter.
Déjà saisi par l'OIP en octobre, ce même tribunal avait ordonné à l'État d'"intensifier" les actions de dératisation "dans les meilleurs délais", tout en reconnaissant que "la situation (était) en voie d'amélioration". Or, estime l'OIP dans sa requête, "il apparaît que la présence d'animaux et insectes nuisibles demeure très importante". L'association regrette également que la direction de l'établissement ne l'ait pas tenu informée des "actions engagées" pour respecter la décision de justice, malgré ses multiples courriers. Cette fois, le mémoire de l'OIP, en appui de la requête, enjoint l'État de mettre un place un "plan d'urgence" global.
"Surpopulation", "vétusté" et "contexte de violences". L'organisation dénonce, pèle-mêle, la "surpopulation" (taux d'occupation de 193,1% au 1er mars), "la situation sanitaire désastreuse", la "vétusté des locaux" et "un contexte de tensions et de violences particulièrement alarmant". L'organisation signale également "la systématicité des fouilles à corps, le manque de personnel et le manque d'activité". À l'appui de sa requête, l'OIP a compilé une nouvelle série de témoignages d'avocats marqués par "l'odeur nauséabonde" dans la prison et de détenus obligés de nettoyer chaque matin leur cellule "avec un mélange de javel, d'eau et de dentifrice" pour chasser les nuisibles.
Tensions dans les prisons franciliennes. "Nous venons de recevoir l'assignation et nous étudions notre réponse", a commenté un porte-parole du ministère de la Justice. En décembre, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) avait dénoncé les conditions "indignes" d'incarcération à la prison de Fresnes et "l'usage banalisé de la force et des violences" par les surveillants. Cette action en justice intervient dans un contexte de tensions dans les prisons d'Île-de-France qui enregistrent des taux d'occupations record. La semaine dernière, des surveillants ont bloqué l'entrée de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, après l'agression de six de leurs collègues, puis celle de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, où la surpopulation carcérale dépasse les 200%.