L'année dernière, Isabelle, 48 ans, a réalisé avec son mari qu'ils n'avaient pas couché ensemble depuis six mois. "Pas d'envie", dit-elle, et une vie professionnelle qui avait pris le pas sur sa libido. Mais avec l'aide d'un thérapeute, elle a réussi à déculpabiliser et reprendre le "travail" sur son rapport au sexe. Elle a raconté son expérience, vendredi, au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
"Avec mon mari, nous sommes mariés depuis 23 ans. On ne travaille pas dans la même société : il a un travail de cadre et je travaille dans la direction d'un cabinet de conseil. Je dois toujours montrer mon leadership donc je travaille beaucoup.
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C'est vrai qu'on s'est aperçus l'année dernière que ça faisait six mois qu'on n'avait pas fait l'amour. Je m'apercevais que, quand je revenais le soir, j'étais contente de trouver un bon pote à qui je pouvais raconter les guerres de tranchées, le fait que je m'étais engueulée avec un commissaire aux comptes, etc. Mais pour moi, il n'y avait pas de libido, pas d'envie. Je pense qu'il était plus demandeur que moi, mais on voyait qu'au bout de six mois, on n'était plus un couple mais des colocataires. On s'aimait mais on ne se le montrait pas.
Une tendresse de bons copains
Quand on s'est aperçus de ça, on en a un peu parlé et je me suis dit : 'Allez, j'ai un nouveau challenge à accomplir, je vais marquer ça dans mon agenda Google, maintenant, il faut faire l'amour'. Comme j'ai pris comme un nouveau challenge, ç'a été la catastrophe parce que j'avais encore moins envie. Déjà que je suis armée toute la journée, si en plus j'arrivais avec mes armes sur le ring, ce n'était plus possible.
Je voyais le sexe comme une performance physique. Quand j'arrivais ratatinée par une journée de 12 heures de travail, je n'avais pas envie de replonger dans une performance physique. J'avais énormément de tendresse pour mon mari mais comme on a de la tendresse pour un très bon copain. Je ne refaisais pas le lien qu'on avait eu au début, où j'avais vraiment une grosse attirance physique vers lui. Je culpabilisais. Je me disais : 'Mon mari est dans l'attente de quelque chose que je ne suis pas capable de lui donner'.
Mon mari demandait, je ne voulais pas et il ne demandait plus. J'ai commencé à me dire qu'il demandait à quelqu'un d'autre. Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose de sérieux. Je lui en ai parlé clairement : je crois que notre couple va bien sentimentalement mais ne va pas bien physiquement.
Après la thérapie, "une envie d'aller plus loin"
Il se trouve qu'il n'allait pas voir quelqu'un d'autre. Je me suis dit que c'était trop bête de tout bousiller parce qu'on ne parle pas assez et qu'on n'est pas assez proches. Il y avait déjà eu [des moments sans sexe dans leur couple]. Après les grossesses, on ne sait pas vraiment quand on doit recommencer et finalement on ne recommençait pas vraiment…
Il a été d'accord pour aller voir quelqu'un. On a été voir un psychologue qui fait de la thérapie de couple. Déjà, le thérapeute nous a conseillé de nous obliger à faire des breaks en même temps : une soirée par semaine, un week-end par mois et une semaine par trimestre où, vraiment, on est que nous deux et on débranche.
On a réussi à parler de choses qu'on n'osait même pas aborder, comme les préliminaires ou les caresses. On n'en parlait pas par éducation. Et quand on sortait de chez le thérapeute, il y avait vraiment cette envie d'aller plus loin et de faire plein de choses.
Maintenant, je suis capable de dire à mon mari que je n'ai pas envie. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas envie de lui ou que je ne l'aime pas, ça veut dire que ce soir, je suis naze et je n'ai pas envie. Ça nous a vraiment aidés pour se parler. Quelque part, on n'est pas obligés de faire l'amour, on peut se caresser, on peut être tendres et faire balader nos mains sans aller forcément jusqu'au bout d'une relation sexuelle. Ça déculpabilise beaucoup. Tout n'est pas parfait aujourd'hui, mais ça nous a remis cette envie de travailler ça, d'aller plus loin pour être un joli couple."
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