C'est un des enseignements d'un sondage Ifop pour Charlie Hebdo et la fondation Jean Jaurès paru ce mardi, à la veille du début du procès des attentats de janvier 2015 : 26% des Français musulmans entre 15 et 24 ans "n’expriment pas de condamnation à l’égard des auteurs des attentats". Une statistique qui n'a pas l'air d'étonner Jean-Pierre Obin, auteur du livre Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école. Invité d'Europe Soir, l'ancien inspecteur de l'Éducation nationale dresse le constat de l'entrée de l'islamisme à l'école.
L'islamisme atteint désormais "l'école primaire"
Tables séparées en fonction de la religion, filles qui sèchent les cours de piscine pour des raisons religieuses... Il y a 15 ans, Jean-Pierre Obin avait déjà dénoncé les atteintes à la laïcité en milieu scolaire. "Depuis, les choses ne se sont pas améliorées." Selon ce dernier, le phénomène atteint désormais même l'école primaire.
Des professeurs qui se censurent pour éviter des "incidents"
À l'heure où la liberté d'expression revient dans l'actualité avec le procès des attentats de janvier 2015, le spécialiste pointe que "pour un enseignant, c'est le devoir d'expression qui est important, c'est-à-dire son obligation de faire le programme". Or, d'après une étude de l'Ifop, près de 40% des enseignants déclarent s'auto-censurer pour ne pas créer de problèmes avec les élèves. "Et dans les ZEP, ils sont plus de 50%", rapporte-t-il. Il y aurait donc une majorité de professeurs qui censurent un thème du programme scolaire ou évitent d'évoquer un auteur "parce qu'ils craignent ou ont eu des incidents" avec leurs élèves.
"Une combinaison de responsabilités des politiques et de l'Éducation nationale"
Mais comment expliquer un tel phénomène ? D'après Jean-Pierre Obin, c'est une combinaison de responsabilités des "forces politiques, de l'Éducation nationale, le manque de formation des enseignants, et le manque de courage de l'administration symbolisé par la doctrine 'surtout pas de vague'". Mais l'ancien inspecteur pointe également la responsabilité des parents d'élèves, qui vont "changer leurs enfants d'établissements pour les protéger, engendrant un phénomène de ghettoïsation" des zones frappées par le phénomène.