«J'ai accepté tout de suite que j'allais mourir», raconte l'imprimeur Michel Catalano, pris en otage par les frères Kouachi en 2015
Dix ans après, l'imprimeur de Dammartin-en-Goële, Michel Catalano, pris en otage par les frères Kouachi en 2015, raconte ses souvenirs sur Europe 1. Il publie "L'imprimeur de Dammartin : dix ans après, l'otage des terroristes se raconte" aux éditions du Cherche-Midi.
Le 9 janvier 2015, un événement bouleversant a marqué à jamais la vie de Michel Catalano. Ce jour-là, deux terroristes, Chérif et Saïd Kouachi, en fuite après l'attaque de Charlie Hebdo, investissent les locaux de l'entreprise de Michel Catalano, imprimeur à Dammartin-en-Goële. Ce matin-là, à 8h25, il voit sa vie basculer en quelques secondes. Dix ans plus tard, il témoigne de ce drame dans un livre intitulé L'Imprimeur de Dammartin : dix ans après, l'otage des terroristes se raconte, et revient sur cette journée tragique au micro d'Europe 1.
"Mon corps se souvient de cet évènement"
Pour la première fois depuis dix ans, Michel Catalano se confie le jour même de l'anniversaire de l'attaque. "Je n'ai pas dormi de la nuit. Mon corps se souvient de cet évènement, et je suis encore bouleversé comme je l'étais à l'époque, c'est assez difficile de pouvoir parler aujourd'hui", confie-t-il au micro de Dimitri Pavlenko.
Michel Catalano raconte comment l'attaque a débuté : "Nous attendions un commercial ce matin-là. Lilian, mon collaborateur, était arrivé un peu plus tôt et nous discutions tranquillement. Quand la porte a sonné, on pensait que c'était un autre collaborateur", raconte-t-il, mais deux hommes armés, vêtus de noir, entrent alors dans les bureaux. "J'ai cru que c'étaient les gendarmes mais très vite j'ai vu le lance-roquettes et j'ai compris très très vite", poursuit-il.
"Ma seule obsession était de tout faire pour qu'ils ne trouvent pas mon collaborateur"
Dans les minutes qui suivent, Michel Catalano, face aux deux terroristes, choisit de protéger son collègue Lilian en mentant, en affirmant qu'il était seul. "Ils m'ont demandé si j'étais juif, ils me disaient que j'étais blasphémateur" à cause de certains objets dans le bureau. "Quand j'ai dit à mon collaborateur d'aller se cacher, j'ai accepté tout de suite que j'allais mourir et ça m'a permis de rester calme. Ma seule obsession était de tout faire pour qu'ils ne trouvent pas mon collaborateur", ajoute-t-il, encore hanté par ces images.
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Ce n'est qu'après l'arrivée des forces de l'ordre et un échange de tirs que Michel est libéré. À ce moment-là, un gendarme lui confiera : "Comment se fait-il qu’on ne vous ait pas tiré dessus ?". "Quand je suis sorti, j'avais un gros blouson noir, j'ai dit que j'étais un otage mais ils m'ont dit 'couchez-vous, je tire' et quelqu'un a fini par dire 'ne tirez pas, c'est M. Catalano", se remémore-t-il.
"C'est la première fois que je parle de cela le jour même de l'anniversaire des faits, c'est un signe que je vais mieux"
Sa famille, son entourage et la force de caractère qu'il a puisée en eux lui ont permis de surmonter cette épreuve. Aujourd'hui, après dix ans, Michel Catalano témoigne de son cheminement dans un livre qui, loin de chercher à susciter la compassion, veut simplement partager la vérité de son expérience et de son après. Aujourd'hui, Michel Catalano va mieux, mais il se souvient du poids de cette journée. "C'est la première fois que je parle de cela le jour même de l'anniversaire des faits, c'est un signe que je vais mieux", conclut-il avec une émotion palpable.