A l'heure du numérique et des fake news, Lionel Vighier est un prof de Lettres un peu particulier qui apprend à ses élèves, à avoir du recul sur les informations qu'ils trouvent sur les réseaux sociaux et sur Youtube. Il dévoile une partie de sa méthode au micro d'Europe 1 bonjour, en pleine semaine de l'éducation aux médias au sein de l'école.
Remonter à la source de l'information. Quelles formes prennent les fake news auprès des élèves de Lionel Vighier ? "C'est avant tout un manque de sources", explique cet enseignant du collège Picasso à Montesson, dans les Yvelines. "C'est une attitude : recevoir l'information et ne pas aller la chercher. Alors la première chose que je fais, c'est de demander la source de l'information à mes élèves" dévoile-t-il. "Et souvent la réponse que j'obtiens c'est : 'Je l'ai vu sur internet'". "Donc je commence par leur demander où exactement, puis on va remonter le fil et on va poser des questions pour systématiser le processus", explique le prof de Lettres.
Revue d'actualité quotidienne. Avec ses collègues, Lionel Vighier a fait de l'éducation aux médias un objet d'études pluridisciplinaire. "Concrètement, on commence par lister les sites d'informations, les radios, les chaînes de télé etc. On fait également de la veille informatique", explique l'enseignant. "On demande aux élèves d'être curieux de l'information : de ne pas la subir, d'aller au-devant". Une fois la démarche ancrée dans la tête de ses élèves, l'étape suivante est "une revue d'actualité collective, et quotidienne". Si les fameux "5W" de l'information sont respectés (qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi), "on laisse un peu de côté le 'pourquoi', qui est toujours un peu complexe, glisse-t-il dans un sourire.
La parodie. L'autre fléau contre lequel Lionel Vighier lutte, ce sont les théories du complot, qui pullulent sur internet. "Il y a tout un processus de fabrication de la théorie du complot : un langage, une construction, une rhétorique, un travail de l'image et du son", développe l'enseignant. "Ce qui m'intéresse, c'est comment un discours construit une version d'un fait. ", résume-t-il. Une fois les codes acquis, vient le temps de la parodie : "Je leur demande ensuite de s'approprier ces codes et de faire une théorie du complot complètement parodique et cocasse".