Des insultes, des menaces de mort, des présentoirs renversés... Les pharmaciens sont en première ligne face aux violences, avec une agression en moyenne tous les jours. Un phénomène qui devient préoccupant puisque 366 agressions ont été déclarées en 2022, soit une hausse de 17% par rapport à 2019. Comment expliquer ce phénomène inquiétant ? Europe 1 s'est rendue dans une pharmacie parisienne.
"J'avais tellement peur du monsieur que j'ai préféré ne rien dire"
Derrière son comptoir, Pauline échange avec une cliente. Le ton est calme, cordial, mais ce n'est pas toujours le cas raconte la pharmacienne. "La semaine dernière, on a un monsieur qui nous a dit 'Je vais brûler toute ta pharmacie, je vais tout casser' parce qu'on a refusé de lui délivrer un médicament."
Si elle n’a jamais été agressée physiquement, régulièrement la tension monte et les insultes fusent quand un médicament n’est pas disponible ou quand il y a un doute sur l'authenticité d’une ordonnance. "Hier, ma collègue pensait qu'elle avait une fausse ordonnance, mais elle m'a dit 'J'avais tellement peur du monsieur que j'ai préféré ne rien dire'. On sait que les patients peuvent s'en prendre à nous physiquement cette fois et pas que verbalement, donc on préfère s'abstenir", confie-t-elle au micro d'Europe 1.
"Je dois prendre plus de pincettes"
Le refus de délivrer des médicaments est même l’un des principaux motifs d'agression. Aujourd'hui Pauline reste sur ses gardes. "On fait plus attention pour éviter les conflits. Typiquement, j'ai parfois des problèmes avec des mutuelles qui ne payent pas, je dois prendre plus de pincettes pour annoncer aux gens qu'il faut qu'ils payent", explique la pharmacienne. Selon l'Ordre des pharmaciens, 44% des pharmaciens victimes d'agressions l’année dernière n’ont pas déposé plainte, par manque de temps ou par peur des représailles.