L'émotion est toujours vive à Conflans-Sainte-Honorine, où un enseignant a été décapité vendredi. 1:31
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Hélène Terzian, édité par Margaux Baralon
Un professeur d'histoire a été décapité, vendredi, à Conflans-Sainte-Honorine, après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Avant le drame, un père d'élève l'avait pris à partie et dévoilé son identité sur les réseaux sociaux. Karine, dont la fille suivait le cours de l'enseignant, avait bien tenté de prendre sa défense. En vain.
TÉMOIGNAGE

Alors que l'enquête avance et que les gardes à vue se poursuivent après la décapitation du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, l'émotion est toujours vive dans la commune. Une marche blanche doit se tenir mardi après-midi en mémoire de l'enseignant, assassiné pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves pendant un cours sur la liberté d'expression. "Tous les matins, je me réveille en me disant que c'est un cauchemar, que ce n'est pas possible", témoigne Karine, une mère d'élève, au micro d'Europe 1. Au-delà de la tristesse, Karine ressent de la culpabilité. Car elle avait pris la défense de Samuel Paty dès le début de la polémique, en vain.

"Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer ça"

"J'avais vu la vidéo du papa", explique-t-elle en faisant référence à ce père d'élève qui avait posté sur les réseaux sociaux une vidéo très virulente contre le professeur, qu'il désignait comme un "voyou" et accusait de "pornographie". "Quand je l'ai vue, je me suis dit que ce n'était pas possible, je ne pouvais pas laisser passer ça. Il disait qu'on avait montré une photo alors que c'était une caricature, qu'on avait voulu viser les musulmans alors qu'on n'avait pas visé qui que ce soit", poursuit Karine.

"J'ai fait partie des mamans qui ont mis un commentaire en disant que ma fille était dans sa classe et que ça ne s'était absolument pas passé comme ça. Lui ne m'a pas répondu, après j'ai eu des commentaires très virulents", se souvient la mère d'élève. La suite, tout le monde la connait. 

"Comme si j'avais voulu sauver le monde et je n'ai pas réussi"

Aujourd'hui, Karine "vit avec cette culpabilité". "C'est comme si j'avais voulu sauver le monde et je n'ai pas réussi." Le samedi, au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty, elle s'est "complètement effondrée" en arrivant devant l'école et a été prise en charge par la cellule psychologique dédiée. "J'avais l'impression de me sentir responsable de ne pas avoir réussi à le sauver."

Alors Karine s'est fait une promesse avec sa fille. "Tous les jours, on viendra déposer soit une bougie soit une fleur à sa mémoire. Je ne veux pas qu'on l'oublie. Surtout pas."