Au micro de Sonia Mabrouk, le romancier et cinéaste Éric-Emmanuel Schmitt, se livre sur son dernier voyage à Jérusalem. Le romancier s'est vu proposé par le Vatican un voyage en terre sainte avec l'idée d'y revenir avec un carnet de voyage. Pour Éric-Emmanuel Schmitt, "Jérusalem est une ville aussi adorable qu' odieuse", a t-il déclaré au micro d'Europe 1.
Lieu de recueil des trois monothéismes, Jérusalem appelle à la fraternité selon l'auteur : "les trois monothéismes vont légitimement en pèlerinage à Jérusalem. C'est très important. C'est-à-dire qu'on est fratricide si on n'est pas fraternel. Le fratricide est celui qui tue son frère parce qu'il a oublié l'origine commune. Il a oublié le père. Jérusalem est la ville qui vous rappelle le père en vous disant 'ne soyez pas fratricide'".
"Il y a des appels qui sont entendus mais qui ne seront jamais complètement comblés. Cet appel est d'une noblesse et d'une importance infinies", poursuit-t-il.
Sentir une présence
L'auteur relate une expérience mystique au cœur du Saint-Sépulcre, le tombeau du Christ. D'abord agacé par les "bondieuseries" autour de lui et excédé par les excès de démonstrations de certains croyants autour du tombeau, l'auteur finit par vivre un moment spirituel. "Je me suis agenouillé à mon tour et là, je n'ai pas compris ce qui se passait, j'ai véritablement senti une présence. Cet homme qui était censé être mort, j'en percevais la vie, l'odeur, la chaleur humaine, la chaleur du corps, le regard", raconte-t-il.
"J'ai lutté, j'ai ouvert mes yeux, matérialiste et rationaliste, et en regardant autour de moi et en disant 'd'où vient l'odeur? d'où vient cette chaleur? d'où vient ce regard ?'. Je ne trouvais pas et j'ai fui. J'ai fui parce que c'était comme un viol. Quelque chose est entré en moi et je n'étais pas dans le consentement. Je me suis réfugié derrière un pilastre. Et après, j'ai remercié parce que ma raison était allé jusqu'au bout d'elle-même et était obligée de s'ouvrir à autre chose", détaille-t-il.