Nuages noirs sur les Jeux ? À un mois et demi des épreuves olympiques prévues dans la Seine, celle-ci affichait des niveaux de pollution bien supérieurs aux normes réglementaires. La faute à une météo maussade qui empêche aussi une répétition grand format de la cérémonie d'ouverture de se dérouler lundi. Les pluies et orages des derniers jours en Ile-de-France laissaient peu de place au suspense. Le bulletin de la qualité de l'eau du fleuve publié vendredi par les autorités locales l'a confirmé : quelques jours avant le début de l'été, la Seine restait impropre à la baignade.
Selon les graphiques mis en ligne, le niveau de concentration en bactérie fécale E.Coli était supérieur à 1.000 unités formant colonie (UFC)/100 ml, le seuil retenu par les fédérations internationales de triathlon et de natation pour autoriser la tenue d'épreuves, et ce, quasiment tous les jours du 10 au 16 juin. En cause : une "météo très pluvieuse" entraînant "le fort débit du fleuve, qui ne favorise pas une bonne qualité de l'eau", expliquent la mairie de Paris et la préfecture de région.
Victime collatérale de ce débit élevé : la répétition de la cérémonie d'ouverture grand format programmée lundi, elle, est aussi repoussée, a fait savoir la préfecture à l'AFP. Quelque 90 bateaux devaient répéter le défilé du 26 juillet aux aurores lundi, après la répétition d'une moitié de la flotte ce lundi qui s'était bien passée après avoir été reportée deux fois du fait de la météo. Il ne serait pas possible d'en "tirer les enseignements pertinents" jugent les organisateurs.
Le débit du fleuve ne pose pas qu'un problème pour la qualité de l'eau, mais aussi pour la sécurité des sportifs
"Pluies, débit élevé, faible ensoleillement, températures en dessous des normes de saison" forment un "contexte hydrologique et météorologique défavorable" qui explique que "la qualité de l'eau reste dégradée", rappellent les autorités. Ces deux institutions sont à la tête du Plan baignade, dans lequel l'Etat et les collectivités ont investi 1,4 milliard d'euros pour rendre la Seine et son principal affluent, la Marne, propices à la baignade. Mais si ce plan "arrive à bon port", "il n'y a aucun doute que la qualité de l'eau, aujourd'hui, n'est pas au rendez-vous", a reconnu le préfet de région Marc Guillaume lors d'un point presse sur les JO, qui démarrent le 26 juillet.
Les prélèvements publiés vendredi "ne correspondent pas aux standards que nous aurons cet été", a-t-il ensuite affirmé. "Dès que les conditions seront réunies, le plan pourra produire tous ses effets", a assuré le haut fonctionnaire, "confiant sur la tenue des épreuves fin juillet début août dans la Seine". Le temps presse pour les organisateurs, et la météo des deux prochaines semaines n'incite pas à l'optimisme, avec une météo globalement pluvieuse jusqu'au 5 juillet, selon Météo France.
Remonté subitement vendredi, à plus de 500 m3/seconde, contre environ 300 la semaine précédente, le débit du fleuve ne pose pas qu'un problème pour la qualité de l'eau, mais aussi pour la sécurité des sportifs. En été, il est habituellement de l'ordre de 100 à 150 mètres cubes par seconde. "Si on a un débit trop fort, ça pose un problème sérieux pour la cérémonie d'ouverture", a estimé l'hydrologue Jean-Marie Mouchel dans une réaction à l'AFP. Contacté par l'AFP, le Comité d'organisation (Cojo) a dit n'avoir "pas d'inquiétude particulière".
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Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, mais pas à changer de lieu
Star de ces JO, la Seine accueillera la cérémonie d'ouverture ainsi que les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), natation-marathon (8 et 9 août) et paratriathlon (1er et 2 septembre). Mais le suspense demeure sur la tenue des épreuves olympiques depuis la déconvenue des "test-events" d'août 2023, en grande partie annulés en raison d'une qualité de l'eau insuffisante.
Le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, mais pas à changer de lieu. Avant cela, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé mercredi qu'elle se baignerait pour montrer l'exemple "après le 14 juillet, c'est-à-dire le 15, le 16 ou le 17". La date initiale du 23 juin a été abandonnée en raison de la météo et des élections anticipées.
En cas de précipitations intenses, de l'eau non traitée - mélange de pluie et d'eaux usées - peut être rejetée dans le fleuve, un phénomène que des ouvrages de rétention inaugurés juste avant les Jeux ont vocation à empêcher. Le bassin de rétention d'Austerlitz a d'ailleurs fonctionné pour la première fois mardi lors d'un gros orage, recevant 40.000 m3 d'eau sur une capacité de 50.000, selon la mairie.