La loi est très claire : "A travail égal, salaire égal." Pourtant, les inégalités hommes-femmes persistent dans les entreprises, alors que ce principe d'égalité a été inscrit dans la loi il y a 46 ans. Bien sûr, il y a eu des progrès et les écarts de rémunération se réduisent mais les femmes gagnent toujours 9% de moins que les hommes, à poste égal.
Moins de deux femmes dans le top 10 des rémunérations dans 50% des entreprises. Plus on monte dans la hiérarchie et plus les femmes sont discriminées. Une femme cadre, en 2019, gagne 26% de moins que ses collègues masculins. Et dans les hauts salaires, là c'est la catastrophe. Une entreprise sur deux a moins de deux femmes dans son top 10 des plus grosses rémunérations.
Réduire les écarts de rémunérations a un coût, donc les entreprises ne se précipitent pas pour régler le problème. Il y a aussi les facteurs d'inégalités identifiés, comme les temps partiels ou les congés maternité. Et puis il y a une raison plus insidieuse. A discours égal, les hommes et les femmes ne sont pas perçus de la même manière, par exemple quand une femme négocie une promotion.
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"Lorsqu'une femme ne se comporte pas de façon modeste, elle peut être sanctionnée." "Ça ne leur réussit pas de la même façon qu'un homme. Par exemple, le poids de la modestie et des autres valeurs dites féminines sont très importantes et font que, lorsqu'une femme ne se comporte pas de façon modeste, elle peut être sanctionnée. Donc il y a plus d'incertitudes sur le fait de se dire : 'Est-ce que ça va bien se passer ou pas quand je vais demander une augmentation ?' Et c'est cette incertitude qui rend les négociations plus compliquées pour les femmes", analyse Anne Boring, chercheure à Sciences Po, sur Europe 1.
Ces stéréotypes et ces inégalités sont accentués quand les femmes travaillent dans des secteurs où elles ne sont pas nombreuses. C'est le cas dans le secteur de l'informatique par exemple, qui compte seulement 30% de femmes. Elles sont perçues comme moins compétentes. C'est l'expérience qu'a faite Yaël Dehase, qui forme les femmes au codage informatique à la Société Générale : "On a proposé des lignes de codes écrites par des hommes et par des femmes sans dire qui avait fait quoi. C'est le code fait par des femmes qui a été le mieux noté. On a refait l'expérience mais en disant cette fois qui avait écrit quoi et là, le code des femmes a été extrêmement mal noté."
Des initiatives pour "réparer" les inégalités. Édifiant parce qu'en réalité, une ligne de code écrite par une femme va être complémentaire de celle écrite par un homme. La finalité est donc que c'est l'entreprise qui gagne en performance. Mais il existe des initiatives aujourd'hui pour "réparer" ces inégalités, ces clichés. Il y a celle de Yaël qui forme les femmes aux métiers de l'IT (Information Technology, ndlr) et puis il y a des réseaux comme "Elles bougent", créé il y a dix ans par Anne-Sophie Pawlak, qui présente les métiers de l'industrie aux filles dans les lycées.
"Elles découvrent des témoignages enthousiastes de femmes qui sont passionnées donc elles se rendent compte qu'elles peuvent y avoir accès. On a cette particularité d'avoir autant de filles que de garçons en terminale S. En revanche, l'année d'après les garçons sont quatre fois plus nombreux à aller dans les études qui mènent à ces secteurs et à ces métiers d'ingénieurs. Donc le sujet, c'est bien de débloquer les mentalités, de casser les stéréotypes mais aussi la méconnaissance du tissu industriel", explique Anne-Sophie Pawlak.
Des stéréotypes présents dans l'intelligence artificielle. Et s'il est essentiel de rééquilibrer ces branches dites masculines, c'est avant tout pour rétablir l'égalité homme-femme mais aussi parce que les chercheurs constatent que l'intelligence artificielle (les objets connectées) reproduit ces stéréotypes genrés.