Samedi, des centaines de personnes se sont rassemblées à Paris et dans plusieurs villes françaises pour défendre le droit à l’avortement, six mois après l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Ces manifestations ont eu lieu à l’occasion de la journée internationale dédiée à ce droit, encore restreint ou inexistant dans certains pays.
Mobilisation nationale pour le droit à l'IVG
À Paris, un cortège s’est élancé à l’appel du collectif "Avortement en Europe, les femmes décident", regroupant diverses associations féministes et syndicats. Le slogan principal de la manifestation, "Avorter est un droit fondamental", résumait l’esprit de l’événement. La revendication centrale des manifestants portait sur la nécessité de renforcer les moyens pour garantir l’accès à l’avortement, notamment par un meilleur financement du planning familial.
Marie Chureau, une étudiante de 22 ans ayant eu recours à l’IVG, a témoigné des difficultés rencontrées par certaines femmes, soulignant notamment le manque de pilules abortives dans certaines villes. Selon elle, bien que l’avortement soit désormais inscrit dans la Constitution, "c'est une liberté mais pas un droit", appelant à davantage de soutien pour les structures d’accompagnement.
Une crainte de voir les droits reculer
Le texte de l’appel à manifester reflétait une inquiétude concernant les conditions d'accès à l’IVG, malgré son inscription dans la Constitution en mars 2023, une première mondiale. Les associations féministes redoutent que les conditions de cette "liberté garantie" soient remises en question dans un contexte politique tendu, marqué par l’influence de l’extrême droite dans certains pays et une montée des restrictions concernant l'IVG à l'échelle internationale.
En France, l’entrée au gouvernement de certains députés et sénateurs qui se sont opposés à la constitutionnalisation de l’IVG, comme Annie Genevard et Bruno Retailleau, a suscité de vives réactions. Pour Sandrine Rousseau, députée écologiste présente dans le cortège à Toulouse, ces manifestations sont cruciales pour rappeler que "ce droit peut à chaque instant être remis en cause".
L'accès à l'IVG menacé pour certaines populations
Thomas Laurent, 44 ans, un intermittent du spectacle arborant un pin's de la CGT, estime quant à lui que cette inscription "n'empêchera pas la suppression de l'Aide médicale d'État" qui garantit sous conditions certains soins gratuits à des étrangers en situation irrégulière. "Une raison d'inquiétude" car "les femmes sans papiers n'auront plus accès aux soins gynécologiques et à l'IVG", dit-il.
Des manifestations dans toute la France
Outre Paris, d’autres villes françaises ont vu des rassemblements similaires. À Toulouse, Lille, Nice, et d’autres localités, des centaines de personnes se sont mobilisées pour réaffirmer leur soutien à l’accès à l’avortement. À Lille, environ 150 personnes ont même réclamé la démission des parlementaires ayant voté contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution.
Les pancartes affichaient des slogans provocateurs comme "Tu ne veux pas que j'avorte alors castre-toi" ou encore "Le droit de choisir est vital", témoignant de la détermination des manifestants à protéger ce droit.
Pour l’accès à l’#IVG : mobilisons-nous pour que chaque femme et chaque personne susceptible d'avorter ait accès à un #avortement sûr, légal et gratuit, en France comme à l'international ✊ pic.twitter.com/uRfyare9Qd
— Solidaires Paris (@SolidairesParis) September 28, 2024
Des revendications pour plus de moyens et de sensibilisation
Parmi les manifestants, les revendications portaient également sur un meilleur accompagnement et une déculpabilisation de l’IVG. Léa, une étudiante en psychologie de 24 ans, a expliqué que les femmes doivent être moins culpabilisées dans le cadre de cet acte. De son côté, Estelle, 39 ans, plaide pour davantage de structures accessibles et une meilleure répartition de la charge mentale liée à l’avortement.
L'accès à l'IVG en France et dans le monde
En 2023, la France a enregistré 243.623 IVG, soit 8.600 de plus qu’en 2022. Pourtant, selon les associations féministes et un baromètre Ifop publié par le Planning Familial, des obstacles persistent, notamment en termes de délais et de structures médicales disponibles pour accueillir les femmes souhaitant avorter.
Dans le même temps, l’association anti-IVG Alliance Vita considère que l'accès à l'avortement a été "simplifié, voire banalisé", exprimant ainsi son opposition aux politiques actuelles. Face à ces tensions, le Premier ministre Michel Barnier a tenu à rassurer en déclarant que les "droits acquis", notamment en matière d'avortement, seraient "intégralement préservés".