Alors que le gouvernement a promis un plan logement et une refonte de certaines aides, le sociologue Julien Damon estime que demain, la population vivra dans "Un monde de bidonvilles", selon le titre de l'ouvrage qu'il sort aux éditions du Seuil. Il était invité dimanche dans l'émission C'est arrivé demain pour expliquer l'ampleur du phénomène.
"Logement d'abord". Jeudi se tiendra la journée mondiale du refus de la misère. Et misère et absence de logement restent étroitement connectés selon le sociologue, "en France comme dans le monde entier". Dans l'Hexagone, la politique du logement se chiffre à 40 milliards d'euros. "La moitié des dépenses concerne les APL, récemment rabotées", précise-t-il. Pourtant, des "centaines de milliers de personnes demeurent à la rue. Nous ne sommes pas brillants. On doit pouvoir faire mieux pas forcément avec plus." En ce sens, Julien Damon salue l'initiative du plan logement appelée 'Logement d'abord' qui vise à proposer un "logement avec accompagnement social" plutôt que de "dépenser beaucoup dans les centres d'hébergement".
Le retour du bidonville en France. Le sociologue a par ailleurs consacré son ouvrage aux bidonvilles. Très présents, voire en expansion dans les pays en développement, Julien Damon souligne leur retour en France alors qu'il avaient été éradiqués au début des années 80. "Nous observons depuis quelques années un retour des campements et des bidonvilles sur fond de crise migratoire." Une grande partie de la "jungle de Calais" correspond exactement à ce que les normes internationales baptisent bidonvilles", décrit-il.
En France, même s'il est difficile de chiffrer la population dans les bidonvilles, le sociologue estime qu'il y aurait "une vingtaine de milliers d"habitants de campements et bidonvilles en métropole et plus de 200.000 dans les cinq départements d'Outre-Mer. "Ce qui alimente les bidonvilles aujourd'hui en métropole, c'est la crise migratoire, ce qui alimentait les bidonvilles des années 50-60, c'était les difficultés générales de la situation du logement et l'immigration légale."