Justine, 29 ans, a un problème : ses quatre enfants de 10, 6, 5 et 3 ans sont tombés dans l'hyperconsommation, ce qui les pousse à vouloir compulsivement tout et n'importe quoi dans les magasins et sur Internet. Sauf que leur mère ne sait pas vraiment dire non. Elle a raconté sa situation au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1, mercredi.
"Ma fille aînée a toujours besoin de quelque chose. Elle n'a jamais rien à se mettre, jamais rien pour se chausser… Elle a toujours envie d'autres choses qu'elle a vues chez une copine ou à la télé. Elle a pris l'habitude d'aller directement dans le rayon qui l'intéresse avant qu'on n'y arrive pour faire sa sélection. En général, elle vise assez large parce qu'elle sait qu'on va réduire à la fin, mais qu'on va lui prendre quelque chose.
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À la base, on était toujours dans l'envie de leur faire plaisir, qu'ils ne manquent de rien, on avait toujours envie de leur créer ce petit plaisir, de leur faire une surprise, qu'ils soient contents. Ce qui a été au départ un plaisir qu'on leur faisait est devenu une obligation, voire même la normalité. C'est devenu normal, en fait, d'avoir toujours autre chose.
C'est notre aînée qui regarde et qui nous demande ce qu'elle veut. Et quand on veut dire 'non', elle nous dit 'mais j'ai été sage', 'mais j'ai bien travaillé', 'mais mes copines l'ont'… Forcément, ce sont des vidéos et des images aimées par énormément de personnes donc on se dit que tout le monde l'a. On n'a pas envie de la frustrer, qu'elle soit dans la différence. On a du mal à ne pas céder parce qu'on a l'impression que c'est un vrai besoin par rapport aux autres.
Quand on va dans un magasin, les plus petits ont besoin d'avoir quelque chose dans les mains. Ils cherchent, ils furètent dans les rayons jusqu'à avoir quelque chose. Pour mon petit dernier, parfois, ça n'a aucun sens : ça peut être un dentifrice ou un filet d'oignons. Il lui faut quelque chose. C'est juste le fait d'acheter qui l'intéresse, parce que quand il rentre, il ne joue même pas avec ce qu'on lui a pris. C'est comme ça qu'on s'est rendu compte que c'était allé trop loin et qu'on n'était pas dans le bon système.
C'est un problème de valeur de l'argent. [Ils ne comprennent pas] que c'est quelque chose pour lequel on travaillait, que c'est quelque chose qui se gagne et pas quelque chose qui est dû. Même mes plus petits, quand on leur dit qu'on n'a plus de sous, ils disent : 'Mais si, tu as la carte', qui est magique et qui peut tout… Ils n'ont pas ce sentiment, ils ne regardent même pas le prix ni même l'étiquette."
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