Combattre l'"opacité" des abattoirs, voilà l'objectif de l'association L214. "Aujourd'hui, c'est vraiment Fort Knox les abattoirs (...) Les filières ont juste envie de montrer la viande sous un beau jour, elles ont envie de mettre une distance entre l’animal et le produit que l’on retrouve dans nos assiettes", déplore Sébastien Arsac, fondateur avec Brigitte Gothière de l'association, au micro de Nikos Aliagas, sur Europe 1, jeudi. Ils publient ensemble La face cachée de nos assiettes, avec lequel ils espèrent "lever un peu le voile de ce qu’il se passe derrière les murs des élevages, dans les camions de transport qui circulent la nuit".
"Oui, c'est choquant mais c'est une réalité et on doit la questionner." Avant ce livre, c'est par des vidéos d'une rare violence que L214 a alerté l'opinion sur les conditions d'abattage des animaux dans un certain nombre d'établissements. "Si on pouvait y aller tous les jours, on ressortirait avec un film d'horreur", assure Sébastien Arsac. S'il reconnaît que ce sont "des images qui sont dures", il explique que "l'idée est d'ouvrir les yeux sur les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux" : "Oui, c'est choquant mais c'est une réalité et on doit la questionner."
Les éleveurs, de leur côté, critiquent les méthodes employées par L214 pour obtenir de telles images, avec notamment des caméras cachées pour les espionner. "Si on veut montrer un petit peu de vérité, on est obligé de voler des images", admet Brigitte Gothière. Et cela se fait "souvent avec la complicité de gens qui travaillent" dans ces structures.
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Les abatteurs "sont eux-mêmes dans des situations assez critiques." L'occasion pour elle d'évoquer la situation de ces personnes, pour qui "c'est super difficile" : "Eux se rendent bien compte de la réalité. Non seulement, ils travaillent dans des abattoirs où, déjà, ce n'est absolument pas drôle. On ne peut pas parler de bien-être animal en abattoir mais on ne peut pas parler de bien-être au travail non plus. Ils sont eux-mêmes dans des situations assez critiques."
Brigitte Gothière évoque par ailleurs un procès auquel se retrouvera l'association, lundi. En 2015, L214 révélait des dysfonctionnements dans l'abattoir d'Alès. Le procès du directeur de l'époque s'ouvre lundi : "Le dossier pénal a détecté 175 infractions pour cet abattoir. Seules trois infractions sont poursuivies. On va porter plainte en responsabilité contre l'État pour dysfonctionnement de la justice."