C’est un feuilleton qui n’en finit plus. L’achat du supposé anneau de Jeanne d’Arc par le parc d’attraction du Puy du Fou vient de connaître un nouvel épisode. Dans un article paru cette semaine, Le Point émet des doutes très sérieux quant à l’authenticité de la bague. La famille de Villiers, propriétaire du Puy du Fou, riposte auprès d’Europe 1. Alors, qui faut-il croire ?
Un anneau présenté en grande pompe. Fin mars, près de 5.000 personnes assistent en grande pompe à la présentation du supposé anneau de Jeanne d'Arc au Puy du Fou. Le parc de loisirs vendéen l'a acheté au prix fort, à 376.883 euros exactement. Pour contrer tout doute sur son authenticité, la fondation Puy du Fou Espérance le fait expertiser. On apprend ainsi que c'est bien un anneau du 15ème siècle. "Deuxième information", écrit alors Le Figaro, "la nature de l'alliage et les lettres inscrites corroborent la description effectuée par Jeanne d'Arc dans les minutes du procès de Rouen".
Après 6 siècles d'exil, l'anneau de Jeanne d'Arc revient enfin en France ! https://t.co/vmYliLV5e5pic.twitter.com/OsJoMIjsKz
— Puy du Fou (@PuyduFou) 4 mars 2016
Que dit Le Point ? Mais, quelques semaines plus tard, Le Point remet en doute cette version, titrant que cet anneau est "vraisemblablement un faux". L'hebdomadaire s'appuie sur les dires de trois historiens présentés comme "sérieux". Ces spécialistes de Jeanne d'Arc émettent d'abord l'hypothèse qu'il y ait eu une confusion d'anneau. Lors de son procès de condamnation en 1437, la pucelle d'Orléans décrit deux anneaux qui lui ont été confisqués par ses geôliers. Le premier, donné par son frère, qu'elle ne décrit pas, lui a été confisqué par l'évêque Cauchon tandis que le second, offert par ses parents, lui a été volé par les Bourguignons, alliés des Anglais, quand ils la capturèrent. Ce deuxième anneau colle à la description du Puy du Fou. Mais problème : les documents fournis par le vendeur le font remonter à celui de Cauchon. Or, il y a très peu de chances que les deux anneaux aient été identiques.
Ce que répond le Puy du Fou. Contacté par Europe 1, le président du Puy du Fou, Nicolas de Villiers, affiche "une sérénité totale quant à l'authenticité de l'anneau". "Je suis moins serein sur la crédibilité des deux historiens", ajoute-t-il. "Ce sont eux qui ont conseillé à l'Historial de Rouen de ne pas acheter l'anneau car ils ont dit que c'était un faux du 19ème siècle". "Or", poursuit-il, "malheureusement pour eux, il date du 15ème siècle, nous avons amené des preuves scientifiques". "Ils n'ont jamais eu l'anneau entre les mains, comment peuvent-ils afficher des choses aussi péremptoires ?", dit-il encore. Nicolas de Villiers nous transmet aussi des courriels de ces historiens pour preuve de sa bonne foi. Dans l'un deux, Olivier Bouzy, historien médiéviste, écrit ainsi, après lecture du dossier d'expertise que lui a envoyé le Puy du Fou : "Le résultat de cet examen est que je n'avais sans doute pas assez prêté attention aux pièces de ce dossier".
Un historien maintient sa version. Mais Olivier Bouzy, qu'Europe 1 a contacté, ne se laisse pas impressionner. "Ils cherchent à nous déconsidérer, moi, ça m'est égal", explique-t-il. "Il semble effectivement que l'anneau du Puy du Fou soit du 15ème siècle mais nous n'avons pas de datation plus précise". Pour l'historien, il subsiste bien de sérieux doutes quant à l'authenticité de la bague : "Il y a bien gravé 'Jesus Maria' sur cet anneau mais il est en argent alors que celui de Jeanne était en laiton recouvert d'or et il comporte une ou deux croix alors que celui de Jeanne, trois. Ça fait beaucoup de différences". Pour faire avancer le dossier, il faudrait qu'un laboratoire officiel puisse procéder à une contre-expertise afin de dater très précisément l'objet car comme le rappelle Olivier Bouzy : "Le 15ème siècle c'est grand, il y a 100 ans !" La suite au prochain épisode.