La commission Sauvé sur les violences sexuelles dans l'Église catholique avait déjà recueilli trois témoignages sur des agressions sexuelles de l'abbé Pierre, indiquent quatre de ses anciens membres dans une tribune publiée samedi dans le Monde. Lors de l'enquête (2019-2021) de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), "nous avons disposé d'informations établissant qu'Henri Grouès - l'abbé Pierre - avait commis des actes violant la civilité et la moralité commune, la législation pénale et les préceptes canoniques", écrivent les quatre chercheurs dans la tribune.
"Parmi les quelque 1.200 témoignages traités par notre équipe, trois mettaient en cause l'abbé Pierre", expliquent-ils notamment. L'un de ces témoignages "correspond très vraisemblablement au témoignage B du rapport Emmaüs" publié mercredi, et concerne des faits commis au début des années 80 à Namur (Belgique), expliquent les chercheurs. Dans ce témoignage, l'abbé avait "saisi un sein" et "embrassé la bouche à pleine langue" de la victime, avant de s'enfuir.
>> LIRE AUSSI - Abbé Pierre accusé d'agressions sexuelles : «Une déflagration» pour le délégué général de la Fondation
"Le cas de l'abbé Pierre est assez banal d'un point de vue historique"
Pour les quatre chercheurs, le travail de la Ciase et le rapport d'Emmaüs montrent que "la compulsion sexuelle de l'abbé Pierre qui débouche dans l'agression récidivante paraît indubitable". D'une manière générale, "le cas de l'abbé Pierre est assez banal d'un point de vue historique. Il présente cependant l'intérêt de synthétiser à lui seul nombre des caractéristiques de l'agression sexuelle par les clercs catholiques depuis les années 1950", estiment-ils. Le rapport Emmaüs publié mercredi citait sept témoignages au total.
La radio France Inter en a également diffusé un autre samedi, celui d'une infirmière racontant comment l'abbé Pierre, alors âgé de 93 ans, lui avait agrippé les seins alors qu'elle était venue l'aider pour la toilette, en 2006. Parmi les trois témoignages recueillis par la Ciase pendant ses travaux, figure également celui d'une femme aidée matériellement dans les années 1989-90 par l'abbé Pierre, puis "utilisée" : "relations sexuelles, masturbation devant elle, fellation, flagellation, proposition de triolisme avec une autre femme", selon la tribune du Monde.
Résultat de deux ans et demi de travaux, le rapport de la Ciase a été remis publiquement à Paris en octobre 2021 à l'épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses. La tribune parue dans le Monde est signée par Philippe Portier (politiste) Paul Airau (historien, Thomas Boullu (historien du droit), Anne Lancien (politiste), tous quatre membres de la Ciase.