La Cour des comptes a préconisé jeudi de "réexaminer" l'affectation des 1.000 conseillers supplémentaires de Pôle emploi pour tenir compte de l'afflux à venir de demandeurs d'emplois. Cette injonction figure dans un rapport global qui égratigne aussi la politique de ressources humaines de l'opérateur public vis-à-vis de ses cadres dirigeants.
"Niveau très élevé d'absentéisme"
Dans ce rapport rendu public jeudi, et intitulé "la gestion de Pôle emploi, dix ans après sa création", la Cour des comptes passe au peigne fin l'opérateur public entre 2012 et 2019. La hausse récente d'effectifs, à hauteur de 1.000 emplois, en CDD sur trois ans, annoncée à l'été 2019 en même temps que la réforme de l'assurance-chômage, "est à réexaminer dans le cadre de l'analyse des moyens à mettre en oeuvre pour faire face à l'augmentation à venir du nombre de demandeurs d'emploi induite par l'épidémie de Covid-19".
L'Unédic, qui gère le régime d'assurance-chômage, anticipe la destruction de 900.000 emplois fin 2020 par rapport au 4e trimestre 2019, ce qui entraînerait l'indemnisation de 630.000 demandeurs d'emplois supplémentaires. "Cette analyse devrait prendre en compte l'ensemble des moyens de Pôle emploi, y compris le potentiel de temps de travail inexploité", poursuit la Cour, qui dans son rapport observe un temps de travail inférieur de "2,5% à la durée annuelle légale" et "un niveau très élevé d'absentéisme" chez l'opérateur. Les effectifs supplémentaires ont été dirigés vers les services dédiés aux entreprises, destinés à faire le lien entre celles-ci et Pôle emploi. Pôle emploi emploie quelque 50.000 personnes.
Des pratiques "pas acceptables"
S'agissant des ressources humaines, la Cour des comptes épingle la politique de l'opérateur vis-à-vis de ses dirigeants : prime de mobilité au montant "excessif", "augmentations très rapides", voitures de fonction systématiques, ruptures conventionnelles "très favorables en fin de carrière".
"La gestion des cadres dirigeants reste marquée par des pratiques héritées des circonstances particulières de la fusion (entre ANPE et Assédic, en 2008, ndlr), qui ne sont pas acceptables onze ans après, dans le contexte d'économies imposées à l'ensemble du secteur public depuis plusieurs années", estime la Cour.