Le confinement a plongé dans le désarroi nombre de fans du 7ème art. Mais il a aussi été l'occasion pour certains professionnels du secteur de réinventer les modes de consommation du cinéma. Ils ont redoublé d'inventivité pour imaginer des alternatives pour ne pas couler. Ces solutions pourront-elles être renouvelées à l'avenir ? Et peuvent-elles réinventer la façon de consommer les films au cinéma ? Éléments de réponses alors que les cinémas français rouvrent ce lundi.
Le cinéma drive-in n'a jamais vraiment disparu
Gauthier Labrusse est directeur du cinéma caennais le Lux. Depuis une dizaine d'années déjà, il avait mis en place le cinéma drive-in, pratique tirée de la culture américaine des années 1960. "Les gens achètent un billet dématérialisé et arrivent en voiture sur le parking du parc des Expos. Quand la nuit tombe, la projection est envoyée sur un écran et le son sort de la radio des voitures via une fréquence FM", détaille-t-il.
Si l'opération a rencontré un franc succès, Gauthier Labrusse ne pense pas la renouveler immédiatement mais la garde dans un coin de sa tête à l'avenir. "On proposera toujours des propositions ludiques comme celle-ci. Il faudra que l’on tire les enseignements du confinement", souligne-t-il avant d'énumérer d'autres alternatives. "Nous avons notre propre plateforme de VOD (vidéo à la demande), NetfLux, qui a très bien fonctionné pendant le confinement. Nous avons aussi proposé des conférences en e-cinéma pour ensuite avoir des débats autour du film. Il faudra perdurer là-dessus."
Le cinéma virtuel, une alternative qui fait son chemin
Le e-cinéma, Pierre-Emmanuel Le Goff compte bien continuer à surfer sur cette nouvelle vague. Dès le 15 mars, avant même le début du confinement, il a fondé 25ème heure, un site de cinéma virtuel. Le site fonctionne avec plusieurs salles partenaires et diffuse chaque semaine de nouveaux films, aux habitants qui se connectent près de ces salles. Des rencontres interactives sont même possibles avec certains réalisateurs.
"J’ai été très réactif en regardant de très près la situation en Chine avant même le confinement. On s’est dit alors que cela pourrait, à terme, avoir plusieurs effets sur nos salles avec quelques fermetures. On n'avait pas imaginé la totalité et aussi rapidement. On s’était dit qu’il fallait un outil et c’est comme ça que l’on a créé cette salle de cinéma virtuelle, dès le 15 mars", résume le réalisateur.
Les séances n'étant accessibles que par les personnes habitant à côté des salles partenaires, certaines séances ont tout de même rassemblé 700 à 800 personnes. "On peut imaginer qu’il y avait plusieurs personnes sur un même écran, donc possiblement plus d’un millier de personnes qui ont, par exemple, eu la chance de voir Cuban Network et d’échanger ensuite avec le réalisateur Olivier Assayas."
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"Le cinéma doit être un lieu de débat"
C'est sur ce point que Pierre-Emmanuel Le Goff veut continuer de travailler. A chaque fin de séance virtuelle, certains spectateurs pouvaient entrer en échange avec le réalisateur ou un acteur du film. "Pour moi l’avenir du cinéma, cela doit être ce qu’il a été pendant de nombreuses années, un lieu de débat. C’est une agora. Les films permettent de partager les visions du monde des réalisateurs. On pense que dans le contexte actuel, la salle doit vraiment devenir un lieu d’échanges pour penser le monde d’après. Cela peut se faire en physique, mais aussi très bien en virtuel. Le virtuel peut même démultiplier ces possibilités d’échanges", avance-t-il.
En attendant, son site de service de diffusion sera là "pour accompagner les salles au moment de la reprise." Avant, il l'espère, rééditer ses séances par écran interposé.