La directrice de la maison d'arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, a prévenu mardi la justice que l'établissement ne pouvait plus accueillir de nouveaux détenus car son taux d'occupation a atteint le record de 201%, a-t-on appris mercredi de source judiciaire, confirmant une information du Monde.
1.132 détenus à Villepinte. "La directrice a sollicité la justice pour qu'on trouve des solutions, comme des libérations conditionnelles ou des aménagements de peine" (bracelets électroniques, etc.) car la maison d'arrêt de Villepinte, qui héberge 1.132 détenus "n'est plus en capacité physiquement d'accueillir des détenus", a indiqué cette source. Il s'agit "d'accélérer le processus judiciaire pour ceux qui le méritent et évidemment pas d'ouvrir grand les portes de Villepinte", a ajouté cette source, précisant que depuis mardi, le TGI de Bobigny "n'envoie plus personne à Villepinte".
Faire face à la surpopulation carcérale. Le courriel de la directrice a été adressé mardi aux présidents et procureur des tribunaux de grande instance de Bobigny et Paris, qui orientent des prévenus en attente de procès et des condamnés à des peines inférieures à deux ans vers cet établissement.
Face à la surpopulation carcérale, "le ministère n'a pas attendu pour prendre des décisions importantes. Dès cet automne a été lancé un programme de construction pénitentiaire budgété", a réagi un porte-parole de la Chancellerie. Des "recherches foncières de terrains" ont déjà été lancées et un livre blanc sera remis mardi" au ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas pour "accentuer l'effort (...) sur ce programme de construction", a-t-il ajouté.
Des conditions d'accueil "pas dignes". Pour la source judiciaire, les magistrats sont face à un dilemme car ils ne veulent pas aggraver la situation déjà critique à la maison d'arrêt mais excluent pour autant d' "abaisser la réponse pénale". Des détenus qui "dorment à trois ou quatre par cellule, sur des matelas à même le sol" ou sont logés dans le quartier des mineurs, des personnels "à bout", une hausse des agressions: selon Philippe Kuhn, délégué régional du syndicat de surveillants SPS, Villepinte est au bord de la rupture. "Ce ne sont pas des conditions d'accueil dignes. Comment voulez-vous qu'ils nous respectent ?", questionne le syndicaliste.
Une gestion "au fil de l'eau". Le syndicaliste se dit toutefois sceptique quant à la réalisation "du fameux plan de 7.000 cellules" au vu de l'absence de terrain disponible en région parisienne, selon lui. En Ile-de-France, "on n'est pas dans une situation où l'on refuserait des détenus", a toutefois nuancé un responsable de l'administration pénitentiaire, parlant d'une "gestion au fil de l'eau, sur l'ensemble des maisons d'arrêt, en fonction de la situation de saturation des établissements de la région". À ce sujet, le porte-parole du ministère de la Justice a confirmé que les présidents des tribunaux recevaient chaque mois, "notamment en Ile-de-France, les chiffres d'occupation des établissements".