La Première ministre Elisabeth Borne est montée au créneau samedi pour défendre la politique climatique de la France, inchangée selon elle, malgré les remous créés par l'appel d'Emmanuel Macron à cesser de produire de nouvelles normes environnementales en Europe. "Il n'y a pas du tout de pause dans l'ambition climatique" de la France, a-t-elle assuré depuis Saint-Paul, sur l'île de la Réunion, où elle achève un déplacement de trois jours.
"Atteindre la neutralité carbone en 2050"
Le chef de l'Etat s'est exprimé à deux reprises sur le sujet jeudi et vendredi alors qu'il présentait des projets de réindustrialisation de la France. Il a ainsi estimé qu'il ne fallait plus "ajouter" de normes environnementales après l'application du Pacte vert de l'Union européenne, plaidant pour de "la stabilité" afin de ne pas décourager les investisseurs. "Moi je préfère des usines qui respectent nos normes européennes qui sont les meilleures, plutôt que ceux qui veulent encore ajouter des normes" et prendre le risque de "n'avoir plus d'usines", a déclaré le chef de l'Etat vendredi.
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Emmanuel Macron venait de se réjouir de la création de milliers d'emplois dans le secteur des batteries électriques dans la région de Dunkerque, un bassin qui a souffert ces 20 dernières années d'une forte désindustrialisation. Comme le président, la Première ministre a réaffirmé son soutien au "Pacte vert" (Green deal) de l'Union européenne avec "l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050". "Cette législation, elle est ambitieuse, elle nous permet de tenir nos objectifs, maintenant il faut qu'on s'emploie à la mettre en œuvre et c'est déjà une tâche très importante", a-t-elle ajouté, martelant qu'il n'était pas utile de "rajouter des normes aux normes". Le "Pacte vert" est le paquet de textes-clés de l'Union européenne sur le climat, dont l'essentiel (réforme du marché carbone, fin des ventes de voitures à moteur thermique...) a été adopté, mais dont une partie fait encore l'objet de difficiles négociations.
Colère des écologistes
Il n'empêche, les déclarations d'Emmanuel Macron ont semé le trouble à Bruxelles et parmi les militants environnementaux qui craignent qu'un signal politique négatif soit ainsi adressé. Certains redoutent un rapprochement de la France avec les positions du Parti populaire européen (PPE, droite) qui prône "un moratoire" sur certains projets législatifs liés aux pesticides et à la restauration de la nature. Il n'est pas question de "moratoire", ont assuré des proches d'Emmanuel Macron, comme l'eurodéputé Pascal Canfin. Mais les propos du chef de l'Etat ont déclenché les foudres d'Europe Ecologie les Verts (EE-LV).
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"Il se voulait plus écolo que tout le monde sur le plan planétaire, mais la réalité c'est qu'alors que toute la population française lui demande de revenir sur sa reforme des retraites lui il s'attaque à l'environnement, et pas dans le bon sens", s'est insurgée la cheffe du parti, Marine Tondelier sur franceinfo. Emmanuel Macron a fait de la réindustrialisation de la France un des axes principaux du rebond politique qu'il cherche à opérer pour sortir de la douloureuse crise des retraites. Il sera encore lundi à Versailles pour participer au sommet "Choose France", visant à démontrer son attractivité économique.
Le gouvernement reste vague sur la durée d'une éventuelle pause européenne dans les nouvelles normes environnementales. Plutôt 5 ans que 10 ans, s'est avancé samedi le ministre de l'Industrie Roland Lescure sur France Inter. "On est aujourd'hui dans une logique où on va discuter avec nos partenaires, il va y avoir une réflexion commune pour savoir comment on accélère l'action et comment, avant d'introduire de nouvelles normes, on peut prendre un peu de temps pour y réfléchir", a-t-il expliqué. Roland Lescure présentera mardi en Conseil des ministres son projet de loi sur l'industrie verte, dont plusieurs mesures ont déjà été dévoilées comme l'instauration d'un crédit d'impôt pour soutenir la production de batteries, pompes à chaleur, éoliennes ou panneaux solaires. "On veut réconcilier l'économie et l'écologie (...) Pour faire ça, il faut donner de la visibilité aux industriels", a-t-il affirmé.