La cour d'appel de Paris a rejeté jeudi la demande de levée des deux mises en examen pour viols réclamée par l'islamologue suisse Tariq Ramadan, remis en liberté mi-novembre.
Tariq Ramadan a changé de version au cours de l'enquête. La chambre de l'instruction a confirmé la décision des juges qui avaient considéré l'été dernier cette requête "prématurée". L'intellectuel musulman est mis en examen depuis le 2 février 2018 pour deux viols, dont un sur personne vulnérable, des accusations qu'il conteste fermement.
Au début de cette affaire retentissante, Tariq Ramadan niait tout rapport sexuel avec les deux plaignantes : Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante laïque, qui dénonce un viol au printemps 2012, et une femme surnommée dans les médias Christelle, qui a rapporté des faits similaires commis à Lyon le 9 octobre 2009. Mais contraint par l'enquête à changer de version, l'islamologue plaide désormais des relations de domination "consenties".
"Une très grande satisfaction" pour l'avocat d'une des plaignantes. "Face aux mensonges et aux dénégations de Tariq Ramadan, la parole des plaignantes a pesé plus lourd", s'est félicité jeudi l'avocat de Christelle, Me Eric Morain. "C'est une bonne nouvelle que la parole des femmes en 2019 pèse plus lourd que ces mensonges considérables", a-t-il ajouté à la sortie de l'audience. "Tariq Ramadan a menti tout au long de cette instruction, sa défense a bluffé et le dossier a parlé. Aujourd'hui, l'instruction continue et c'est une très très grande satisfaction", a-t-il conclu.
"La décision de la cour d'appel, dont on ne connaît pas encore la motivation, n'efface pas les mensonges démontrés des parties civiles, puisque les investigations ont démontré que les relations qu'elles ont eues avec Tariq Ramadan étaient voulues et pleinement consenties", a pour sa part réagi Me Emmanuel Marsigny, avocat de la défense.
Tariq Ramadan avait demandé cet été aux juges d'instruction de le placer sous le statut intermédiaire de témoin assisté, première étape vers le non-lieu qu'il réclame. Mi-janvier, la chambre de l'instruction a donc examiné à huis clos l'appel formé par Tariq Ramadan contre cette décision. Mais entre-temps, la donne avait changé. L'islamologue a reconnu en octobre une relation sexuelle avec chacune des deux plaignantes.
L'intellectuel a été remis en liberté mi-novembre, sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire. Il avait dû verser une caution préalable de 300.000 euros et remettre son passeport suisse.