Charlie Hebdo, qui a souvent été l'objet de polémique pour ses caricatures et qui a toujours revendiqué son droit au blasphème, a voulu connaître l'état d'esprit des Français suite à l'affaire Mila. Selon un sondage commandé à l'Ifop, les Français sont divisés sur la question du blasphème. 50% des sondés se disent contre. "On s'aperçoit que la moitié des Français confondent le droit légitime de critiquer même outrageusement une religion, et le droit de critiquer et d'injurier les croyants. Ce n'est pas la même chose", insiste le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, sur Europe 1 mercredi.
56% des Français en désaccord avec les propos de Nicole Belloubet
Le 18 janvier dernier, Mila, une jeune adolescente de 16 ans, a violemment critiqué l'islam dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. "Je déteste la religion, le Coran est une religion de haine […] Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir", a-t-elle répondu à un jeune homme qui lui avait lancé des insultes homophobes. Depuis, Mila fait l'objet de menaces de mort, a dû être déscolarisée et elle et sa famille font l'objet d'une protection policière.
Depuis le début de l'affaire, les réactions politiques s'enchaînent. Sur Europe 1, Nicole Belloubet a considéré que "l'insulte à la religion était une atteinte à la liberté de conscience" avant de revenir sur ses propos. Selon le sondage Ifop, 56% des Français sont en désaccord avec les propos de la ministre de la Justice. "Les islamistes militent pour rétablir le délit de blasphème et pour imposer à la société française les interdictions qu'ils s'imposent à eux-mêmes", a estimé le député du Rassemblement National Jordan Bardella, sur Europe 1.
"La moitié des Français soit en désaccord avec le principe fondamental de laïcité"
"Ce sondage met également en lumière le fait que la majeure partie des Français opposés au droit de critiquer les religions sont dans la tranche d'âge des 18-24 ans et c'est plutôt inquiétant", a également fait remarquer Gérard Biard. Mais 58% des sondés estiment que les propos tenus par Mila ne relèvent pas de la "provocation à la haine à l'égard d'un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée".
Lundi, sur TMC, Mila a expliqué "ne pas regretter" ses propos, revendiquant son "droit au blasphème". Un droit au blasphème que le rédacteur en chef de Charlie Hebdo considère comme "un des fondements de notre société". "La laïcité est inscrite dans la Constitution française", a-t-il rappelé, regrettant que "la moitié des Français soit en désaccord avec ce principe fondamental et le droit de critiquer une religion". "La liberté de conscience de cette jeune adolescente est en cause",a-t-il ajouté, corroborant ainsi les propos de l'avocat Richard Malka, qui défend notamment le journal satirique.