C’est depuis l’Algérie que Salim a fait appel à Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1. Lui et sa femme ont eu deux enfants et forment une famille franco-algérienne. Il explique que l’administration française a refusé de délivrer un certificat de nationalité française à l’un de ses fils, alors que son autre fils n’a pas rencontré ce problème. Salim raconte son combat avec la justice qui dure depuis 2013 pour faire reconnaître la nationalité française de son fils.
"Nous sommes un couple avec deux enfants. Ma femme est française et algérienne. Nous sommes franco-algériens et résidons en Algérie. Nous n’avons jamais vécu en France. Nous avons des papiers français, un livret de famille français et un livret de famille algérien. En 2012, j’ai demandé un certificat de nationalité française pour mes deux enfants. À ma grande surprise, l’un de mes enfants a reçu son certificat et l’autre non. L’organisme qui délivre ces documents a demandé des actes de mariage des aïeuls de ma femme qui est française.
Ils sont remontés à trois ou quatre générations. Ces actes de mariage n’existent pas, parce que c’étaient des Français musulmans qui se mariaient de manière religieuse, mais pas à la mairie. On s’en est remis à la justice algérienne. La procédure a duré deux ans. Nous avons marié des couples post-mortem. Il fallait trouver des documents, comme des actes de succession, pour prouver que c’étaient bien des couples mariés qui ont eu des enfants et qui étaient français. Il fallait prouver la filiation et avoir ces actes de mariage. C’était déjà un combat avec la justice algérienne.
" Il risque de ne plus être français en 2022 "
Nous sommes ensuite revenus vers l’organisme qui délivre les certificats de nationalité française. Par peur, j’ai fait cette démarche avec un avocat pour être sûr du résultat. Depuis 2013, le combat continue. L’avocat se démène pour que mon fils reste français. Des audiences auront lieu d’ici la fin de l’année. La carte d’identité française de mon enfant expire en 2022. Il a eu deux passeports français, il est dans notre livret de famille français et il risque de ne plus être français en 2022. Je trouve que c’est une aberration.
C’est une épreuve mentalement parce que je ne veux pas que mon fils le sache. C’est un combat à distance qui est difficile. Nous sommes traités différemment parce que nous avons une religion différente, parce que nous résidons en Algérie, parce que notre prénom est différent. C’est dommage parce que nous avons tellement de choses en commun par rapport à la Méditerranée, à notre Histoire, à notre avenir, au challenge de l’environnement qui nous attend. Il y a tellement de choses qui peuvent nous unir et renforcer nos relations.
En tant que Français-Algérien, je souffre de cet écart qui s’accentue d’années en années et des incompréhensions qui sont exacerbées. Je pense qu’il existe une forme de racisme administratif parce qu’on a une religion différente, des prénoms différents, une culture différente, parce qu’on ne réside pas en France. Quand on réside en France, c’est un autre organisme qui délivre les certificats de nationalité française. On a un traitement différent. Je crois toujours en la justice, mais il se peut que la nationalité française de mon fils ne soit pas reconnue.
C’est dommage d’en arriver là. On devrait profiter de ce mélange et de cette diversité pour aller plus loin et pour aller de l’avant. Je travaille pour les intérêts d’une société française. Je crois beaucoup en la collaboration algéro-française, et maghrébine et méditerranéenne en général. Il faut se focaliser sur les choses qui nous unissent et pas celles qui nous désunissent. Il y a tellement de choses qui peuvent nous unir."