Qui a dit que la chicorée était passée de mode ? Cette alternative au café, bonne pour la santé et produite localement dans le nord de la France, a encore ses adeptes... Mais pour combien de temps ? Les agriculteurs qui la cultivent alertent sur sa viabilité après l'interdiction d'un produit sanitaire, le Bonalan.
Un herbicide utile pour désherber
Dans son champ, Eric enlève une racine de chicorée. Ce producteur est inquiet, car en 2025, les semis se feront sans produits phytosanitaires "De toute façon, si on n'a pas de boulot l'année prochaine, il n'y aura plus de culture de chicorée, ça, c'est clair", souligne-t-il au micro d'Europe 1.
Pour reproduire les effets du pesticide, il faudrait près de 200 heures de travail par hectare en désherbage manuel. Impossible pour lui, confie-t-il. Le Bonalan, utilisé pour éradiquer les mauvaises herbes, a été interdit par l'Union européenne, car "ils ont trouvé que ça pouvait être dangereux pour un oiseau qui mangeait le ver de terre qui est en contact avec le Bonalan", souligne Eric.
Toute une filière inquiète
Sauf qu'il n'y a pas de produits de substitution homologués, peste cet agriculteur. À une dizaine de kilomètres de là, dans l'usine La Chicorée du Nord, flotte une odeur caramélisée. Mais le torréfacteur s'inquiète. "Si on a plus de matière première, nous, on ferme très clairement. Nous, ce qu'on veut avant tout, c'est pouvoir faire vivre la région et torréfier des cossettes de chicorée qui viennent des agriculteurs des Hauts-de-France", souligne Stéphane.
Ultime solution : importer des cossettes de chicorée d'Inde, conclut-il. "Mais ce n'est pas ce qu'on veut faire. Ce serait surtout contre toutes nos valeurs", assure-t-il au micro d'Europe 1.