"Les hommes ont plus de besoins", "l'homme doit diriger pendant l'acte sexuel"... Vous avez sans doute déjà entendu ces phrases, qui illustrent les nombreux clichés entourant la sexualité masculine. Mais dans la réalité et dans l’intimité du couple, c'est bien souvent une toute autre histoire. Le docteur Damien Mascret a déconstruit ces mythes, jeudi après-midi dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1.
Premier mythe : l'homme décide au lit
"Le premier mythe, qui est très important, est l'idée que l'homme doit mener la danse et décide. Quand on a un petit peu développé son couple, c'est un vieux mythe, même si neuf fois sur dix c'est ce qui se passe. C'est l'homme qui décide par exemple des positions qu'on prend. On s'aperçoit que quand on interroge les couples, très souvent, c'est ce qui se passe. Il y a un meneur et un suiveur, comme pour le rock. Sauf que là, on va inviter à changer un peu le rôle de leader, sinon vous tombez un peu dans ce qu'on appelle le "syndrome de l'étoile de mer". C'est-à-dire que la femme s'allonge, se met en position d'étoile de mer et se laisse emporter. Ça peut avoir son charme, mais l'important encore une fois est de varier les plaisirs et de varier qui décide.
En principe cela se fait de façon naturelle, mais on peut aussi le dire au cours de l'acte sexuel. Ce n'est pas toujours facile, mais on peut simplement inviter à faire autre chose, ré-aiguiller vers quelque chose qui vous plaît davantage. Il faut danser à deux, et non pas tout seul."
Deuxième mythe : les hommes ont plus de besoins que les femmes
"Le deuxième mythe à détruire est que les hommes auraient des besoins plus importants que les femmes sur le plan sexuel. Ce n'est pas complètement un mythe, parce que quand on regarde ce qui se passe au niveau hormonal, on a tendance à dire que biologiquement le désir peut être un petit peu plus fort chez l'homme. Mais attention, on a quand même depuis construit un cerveau un peu plus évolué que le cerveau primaire. On a un cortex, cela n'excuse pas l'infidélité parce que monsieur aurait des besoins plus importants que madame. Évidemment, il n'y a rien de normal dans ce qu'on décide de faire. On est libre à chaque fois de choisir ce qu'on veut faire, de passer à l'acte ou de ne pas passer à l'acte.
Ce qui compte, ça n'est pas forcément ce besoin qui existe, c'est ce qu'on en fait. On s'aperçoit notamment dans les addictions sexuelles, qui conduisent soit à la consommation intensive de pornographie ou à des comportements sexuels agressifs, que ce sont très souvent des gens qui n'ont pas appris à réguler leurs pulsions. Tout le monde a des pulsions, les femmes aussi ! Il faut le rappeler aussi aux hommes qui croient parfois que leur partenaire n'a pas de pulsions. Et bien, ça n'est pas vrai, les femmes ont autant de besoins que les hommes."
Troisième mythe : la pénétration
"Le troisième mythe, c'est que c'est l'érection qui compte, qui fait l'homme et qui fait la puissance sexuelle. Il faut en terminer avec ça, avec cette idée que la pénétration serait le Graal. Et bien non : il faut aussi redécouvrir le plaisir du toucher, le plaisir tout court. Le mantra, ça n'est plus qu'il faut avoir absolument un orgasme. Ça, c'était dans les années 70. Aujourd'hui, le mantra en sexologie est de dire que ce qui compte c'est l'intimité, le plaisir et également l'érotisme, et bien sûr la satisfaction.
Qu'il y ait orgasme ou pas, il faut avoir une satisfaction émotionnelle du moment qu'on aura passé ensemble. La satisfaction du ou de la partenaire, ça n'est pas à sens unique. On n'est pas dans un schéma où c'est l'un qui donne et l'autre qui reçoit, on est dans un partage. Et si vous êtes systématiquement receveur ou donneur, receveuse ou donneuse, au bout d'un moment le désir et l'excitation se désamorcent. On a l'impression que d'un côté on a un distributeur de plaisir, et de l'autre un esclave prêt à tout, mais on n'a pas l'impression d'avoir en face de soi une personne, une individualité qui a des désirs et des envies. Donc, il faut là aussi avoir une fluidité des rôles plus importante."